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DAMIEN JURADO, Sometimes You Hurt The Ones You Hate

Maraqopa Records/2023

Enregistrée avec le comparse Josh Gordon et quelques musiciens et choristes, Sometimes You Hurt The Ones You Hate, la livraison annuelle de Damien Jurado est une nouvelle réussite.

Cinquante ans au compteur, le songwriter américain originaire de Seattle, Washington State, en est revenu des problématiques liées aux labels et à la distribution. Depuis peu, il a créé son propre label, Maraqopa Records, distribue lui-même ses disques via son site web, sa page Bandcamp et enfin passe par un importateur pour l’Europe. Et c’est lui aussi qui fait les colis et les envoie. Plus libre, moins contraint par la fameuse équation album-tournée souvent imposée, Damien Jurado peut enfin composer, enregistrer et tourner à sa guise. Le résultat : trois albums (The Monster Who Hated Pennsylvania, Reggae Film Star, Sometimes You Hurt The Ones You Hate) et deux EP (Un-Issued EP, Take Your Time) parus en moins de trois ans. Plus de 30 concerts par an. Et le garçon en a encore sous le pied puisqu’il termine actuellement son prochain disque prévu pour le printemps 2024.

I have no knowledge of your whereabouts
Crashing waves like cashing paychecks
I tuned in ’bout mid-commercial
Feeling the Earth change frame by frame

Penchons-nous à présent sur ce nouvel album qui dans sa durée (22 minutes) se rapproche plus d’un EP, comptant seulement huit titres. “Parfois, on blesse ceux que l’on déteste.” Le vinyle est lancé à raison de 45 tours par minute. Première chanson : James Hoskins. Par ce up-tempo, ces sonorités un peu psyché et ses choeurs élégiaques, nous voilà propulsés dans un univers comme Jurado en a dessiné en compagnie de son ami et producteur Richard Swift (malheureusement disparu en 2018) pour la trilogie Maraqopa. C’est un titre un peu déroutant mais, hé, on est en terrain connu. Désireux de nous faire prendre des chemins différents ou tout simplement nous faire part de l’étendue de son champ d’action, le songwriter de Seattle ralentit le rythme et délivre juste après l’une de ses meilleures chansons. Neiman Marcus, du nom de cette chaîne américaine de magasins d’habillement, est tout bonnement une pépite, le genre de morceau qui délivre petit à petit ses saveurs. Ici un vibraphone, là des cuivres beatlesiens. Une chanson qui sonne comme un classique.

We sat by ourselves In the quiet of the morning
A lit cigarette and the tears in your eyes
(I know you well)
We were never in your future
(time now can tell)
What will happen this day forward

S’il est depuis longtemps passé maître dans l’art de composer une folksong (ici la très belle A Lover, A Balcony Fire, An Empty Orchestra et ses choeurs en suspension ou Mr. Frank Dell accompagné de cuivres et d’un chant féminin), Jurado est également très fort pour jeter un coup d’oeil dans le rétro et nous servir quelques jolies chansons dignes des 50-60’s. In A Way Probably Never est une parfaite valse à la mode vocal group. L’un des plus beaux moments du disque, c’est aussi Match Game 77 (episode 1097). Tel un Brian Wilson, Damien Jurado dévoile un songwriting parfait accompagné de cordes magnifiques et de petits sons volatiles. Pour finir en beauté, porté par cette basse désormais reconnaissable, I Was A Line rappelle également ces années-là. Les choristes y font à nouveau des merveilles.

You won’t be seeing me
Sometimes you hurt the ones you hate
There was a time each song was new
And now we’re stuck here on rewind
The symphony is winding down
And now we sing to ourselves

Avec ce rythme d’un disque par an, il pourrait être reproché à Damien Jurado de ne pas prendre le temps et de combler le vide par manque d’inspiration. Il n’en est rien avec ce disque impeccable et inspiré. Un disque à la richesse mélodique et aux arrangements de cordes, choeurs et cuivres très soignés.

Georges.

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