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ALELA DIANE, Looking Glass

All Points/Believe/2022

Elle nous avait laissé avec un Cusp (2018) principalement composé au piano pendant une résidence d’artiste et inspiré notamment par sa seconde fille née prématurément. L’Américaine Alela Diane revient avec Looking Glass, un disque élégant qui, cette fois, célèbre la vie simple, la famille malgré le caractère anxiogène des changements climatiques et sanitaires.

“The heavy rain poured downThe sky electric with the boom and rumbleAnd, in nerves I counted silentlyBetween the sight and the sound”

Presque vingt ans se sont écoulés depuis les débuts de cette artiste originaire de Nevada City, au nord de la Californie. Jeune chanteuse et guitariste venue conquérir l’Europe avec un premier album The Pirate’s Gospel en 2006, Alela Diane a depuis gagné ses galons de songwriter avec de beaux disques parus entre 2009 et 2018, To Be Still, About Farewell, Alela & Alina EP, pour n’en citer que quelques-uns.
Si ce nouvel album semble être placé sous le signe de la sérenité, comme en témoigne cette voix posée, cristalline – mais pas dénuée de mélancolie – et une série de chansons fort bien arrangées par l’amie Heather Woods Broderick et produites par le très doué Tucker Martine (Laura Veirs, Sufjan Stevens, R.E.M.), Alela Diane semble avoir été traversée (comme beaucoup d’entre nous) par le doute, le sentiment d’abandon liée à la pandémie et à la perte d’êtres chers. L’environnement tient également une place importante sur cet album. Sur Paloma – tout simplement l’une de ses plus belles chansons -, il est question d’un violent orage au Mexique. Howling Wind évoque quant à elle les feux de forêts désormais récurrents sur la Côte Ouest des USA. Comme pour signifier que la nature a toujours le dernier mot.

“I hear her silver bracelets down the hallThat, and the lingering cry of a songEverything exactly as we left itBut, where’s the sun come through ?Where’s the sun come through ?”

Parées de fabuleuxs arrangements de cordes ou de choeurs célestes, Strawberry Moon et Of Love nous emportent loin tout en revêtant un caractère intime. L’apport de la musicienne Heather Woods Broderick a été fondamental sur ce disque. Non seulement, l’inspiration est au rendez-vous – Alela Diane est une grande songwriter – mais ces notes de pianos, ces nappes de violoncelle, ces choeurs… L’un des plus beaux exemples : Dream a River. Cette montée de cordes est bouleversante. On pourrait aussi très bien évoquer ce Camellia presque médiéval (cette flûte à la Midlake) et ses choeurs d’enfants (les filles d’Alela) ou Moth in the Light, une chanson à la Joni Mitchell légèrement soutenue par une ligne de basse et un violon. Qui peut le plus peut le moins.

Inspirée par les bouleversements du monde, Alela Diane signe avec Looking Glass un disque qui invite à l’introspection et à la réflexion sur ce et ceux qui nous entoure. Un disque à la fois chargé de mélancolie et d’espoir. Un grand disque.

Georges.

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