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JUSTIN TOWNES EARLE, The Saint of Lost Causes

New West Records / 2019

Auteur d’un belle poignée de disques, le chanteur et guitariste Justin Townes Earle nous gratifiait en 2019 d’un superbe The Saint of Lost Causes, ultime album puisqu’il disparaissait un an plus tard à l’âge de 38 ans.

Jude est le saint patron des causes perdues. Mais il est aussi le saint associé à l’espoir. Une vie de déglingué pour un talentueux songwriter, coincé entre cause perdue et rédemption, persuadé, gamin, qu’il fallait descendre profond pour voir grandir son art. Comme son paternel Steve – musicien reconnu (une quinzaine d’albums), acteur (Treme, The Wire), ex-taulard et junkie -, Justin Townes Earle en a donc bavé des ronds de chapeau, au gré de découvertes stupéfiantes dès l’âge de 12 ans et périodes de sobriété. Une enfance passée à Nashville, Tennessee, JTE s’imprègne de country, folk et bluegrass. Il fait ensuite partie de groupes locaux pour parfaire sa pratique de la guitare et accompagne son père en tournée.

Dès 2007, il commence à enregistrer des chansons, son style se situant donc entre americana, folk, country et développe un jeu de guitare entre fingerpicking et rythmique percussive. Vieille école, donc. C’est le titre Harlem River Blues, une sorte de boogie baigné dans le gospel, qui le fait connaître et lui permet de recevoir en 2011 un Americana Music Award. À raison d’un album tous les deux ans, il revient en 2019 avec The Saint of Lost Causes dont la pochette évoque également ces icônes de jazzmen eux aussi emprunts de spiritualité tels que John Coltrane. Musicien roots jusqu’au bout des doigts, JTE invite pedal steel, harmonica et contrebasse à rejoindre son chant aux intonations graves et ses accords de guitares inspirés (Over Alameda). Entre la perspective de devenir père (Ahi Esta Mi Nina), la cause environnementale (Don’t Drink The Water et sa touche J.J. Cale) et les dégâts causés par les addictions (Appalachian Nightmare), Justin Townes Earle est un songwriter concerné. En touchant à l’intime, il déroule les chansons de The Saint of Lost Causes avec une telle sincérité qu’il est difficile d’y être insensible.

Emporté par ses démons, Justin Townes Earle s’est éteint le 20 août 2020. Son père Steve lui rend hommage sur J.T., un disque de reprises paru en mars dernier.

Georges.

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