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Rencontre avec MARK SAFRANKO

L’auteur américain, ancien fer de lance de feu les Editions 13e Note et qui fait désormais le bonheur de la maison nancéienne La Dragonne, est depuis deux mois en résidence à l’Université de Nancy. Toujours très abordable et avide d’échange, on le retrouve pour nous parler de son expérience en France et échanger avec nous sur la littérature d’outre-Atlantique.

 

From Richmond To Tacoma : Mark, voilà désormais quelques semaines que tu es en résidence à l’université de Nancy. Peux-tu nous parler un peu plus de cette expérience ? Ce que tu as appris en échangeant avec les étudiants et aussi ce que tu as pu leur apporter ?
Mark SaFranko : C’est très large. Cela va d’apparition personnelle chez les libraires à des classes de création littéraire en passant par une rétrospective majeure de mon œuvre. Je pense que je montre aux étudiants ce qu’est le vrai travail d’un auteur au jour le jour, qui est bien éloigné de la perception romantique ou académique qu’on peut avoir de la vie d’écrivain. J’espère que ça aide. Le but est, tout en exposant les étudiants à mon  propre travail, de leur donner envie de se plonger dans mes livres.

FRTT : Tu as fait quelques lectures à Bruxelles. As-tu pu ressentir une différence entre le public belge et le public français ? Et plus largement pour toi, quelle est la différence entre les lecteurs européens et américains ?
MSF : Je ne suis resté assez longtemps en Belgique pour pouvoir faire une comparaison. J’ai trouvé que les quelques Belges que j’ai pu rencontrer étaient très réceptifs et amicaux, comme le public français. Mais en dehors de ça, je ne peux pas en dire plus.
Les différences entre les lecteurs américains et européens est probablement que ces derniers permettent plus de place aux personnages et au réflexion philosophique. Les Américains deviennent vite impatients si rien ne se passe. Mais attention, je n’en fais pas une généralisation.

FRTT : Comment expliques-tu que beaucoup d’auteurs américains aient plus de succès en Europe qu’aux Etats-Unis ? Penses-tu que les USA sont un trop gros océan pour un auteur indépendant ?
MSF : Je ne pense pas que beaucoup d’écrivains américains ont un plus gros succès en Europe. Il y en a je pense que quelques uns parmi nous. C’est difficile d’avoir un public constant où que ce soit dans le monde. Mais la France en particulier a toujours été de longue date un maison pour les auteurs indépendants américains, cultes ou underground si tu veux. Et c’est je pense car il y a plus de place dans la conscience française pour différents genres d’auteurs. Aux Etats-Unis, si tu ne vends pas, tu es fini.

FRTT : Tes deux précédents ouvrages publiés par La Dragonne, Incident Sur La 10e Avenue et Léger Glissement Vers Le Blues, étaient des recueils de nouvelles. Tu es un peu un maitre du genre. Où trouves-tu l’inspiration pour toutes ces histoires ? Travailles-tu différemment lorsque que tu écris des nouvelles ou lorsque tu planches sur un roman ?
MSF : Pour un auteur de nouvelles, l’inspiration est partout, littéralement. Le plus petit incident peut lancer le train en marche. Quand je suis Max Zajack, j’écris souvent à partir des incidents de ma vie. La méthode de travail est essentiellement la même pour un roman: un premier jet suivi de beaucoup, beaucoup de révisions.

FRTT : Dis nous en un peu plus sur ton prochain livre, Un Faux pas.
MSF : C’est un roman à suspense psychologique dans la veine des romans durs de Simenon ou du travail de Patricia Highsmith. Les fantômes de personnes comme James M. Cain ou Jim Thompson ne sont pas loin non plus. Avec une petite pointe de Ryu Murakami aussi peut-être. Cela parle d’un couvreur qui un jour fait une chute et devient paralysé, et de la métamorphose de sa femme lorsqu’elle réalise qu’elle est libre. Avec un final qui pourrait être digne d’Hitchcock .

FRTT : Quels sont tes auteurs actuels favoris ?
MSF : La plupart des mes auteurs favoris sont morts. Mais j’aime quelques romans de Ryu Murakami, Audition surtout. Je ne loupe pas non plus les romans de Philippe Djian, même si la traduction laisse à désirer. Et Houellebecq aussi. Parmi tant d’autres encore…

FRTT : Et enfin, pour conclure, peux-tu nous dire quels sont tes futurs projets ?
MSF : Je travaille toujours sur plusieurs romans, nouvelles ou pièces, alors il y a beaucoup de futurs projets. Un est la suite de The Suicide qui doit sortir l’année prochaine en France aux éditions Inculte. Un autre est un roman d’horreur psychologique à propos de l’ultra-violence aux Etats-Unis…

Propos recueillis par FAP pour From Richmond To Tacoma.
Traduction FAP.
© 2018

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