Close

À peu près cinq questions à DAVID JOY


Originaire de Charlotte, Caroline du Nord, David Joy est de cette nouvelle génération d’auteurs américains qui, à 36 ans seulement, a parfaitement digéré l’héritage littéraire de ses ainés et dépeint, sans concession, une société américaine rurale désabusée et plombée par la pauvreté. Mais il y a aussi chez lui ce profond attachement aux Appalaches et un talent fou pour créer des personnages complexes et bouleversants, tiraillés entre violence et espoir d’un avenir meilleur. Nous l’avions découvert avec son deuxième roman Le Poids Du Monde, sorti chez Sonatine en 2017, et il s’impose aujourd’hui avec Ce Lien Entre Nous, un des plus grands romans de 2020, comme un acteur majeur de la littérature américaine actuelle.

Dans cette interview qu’il nous a accordé au début de l’été et que nous sommes fiers de partager avec vous aujourd’hui, nous évoquons avec lui la jeunesse américaine, ses personnages, les Appalaches et les événements du printemps.

 

From Richmond To Tacoma : Bonjour David ! Nous voulions commencer cette interview avec toi en parlant de la jeunesse américaine, un des sujets récurrents de tes romans. Quelles sont les difficultés rencontrées par un jeune de 20 ans aujourd’hui aux USA ?
David Joy : Je ne peux imaginer de période plus sombre pour grandir. On parle là d’une génération née sous les flammes et la fumée du 11 septembre, d’une génération qui est passée d’enfant à adulte au beau milieu d’une guerre sans fin et infructueuse. Il y a littéralement des soldats américains qui ont été déployés dans une guerre qui a commencé avant leur naissance.
S’ajoute à cela l’effondrement économique du milieu des années 2000. Et tu en as actuellement un second. Tu as une crise des services de santé. Tu as une crise des logements abordables. Le chômage a atteint un niveau historique de 14,7% en avril de cette année. Saupoudre tout ça d’une pandémie mondiale, un règlement de compte racial, une épidémie d’opioïdes, une guerre politique, quatre années de présidence qui se déroule comme un putain de dessin animé. Le simple fait que ces gamins soient capables de sourire et rire est un putain de miracle. Le fait que notre taux de suicide ne double pas d’année en année équivaut à marcher sur l’eau. Ce n’est plus la vie, c’est de la survie.

FRTT : En te lisant pourtant, on a l’impression que tu crois encore en l’Homme. Certes, tes personnages sont souvent coincés, mais à l’exception peut-être de Thad Broom (Le Poids Du Monde) qui est je pense ton personnage le plus sombre, ils ont encore des rêves, des principes. Je me trompe, ou tu aimes encore tes semblables et moins la société dans laquelle nous vivons qui brise tout cela ?
David : Je pense que même un personnage comme Thad a des rêves et des principes. Le sien est un véritable rêve américain, une sorte d’illusion nostalgique, le désir d’un retour à un passé meilleur et imaginaire. Il veut retrouver les choses telles qu’elles étaient avant, ce qui, dans son esprit, est mieux que ce qu’elles sont maintenant, mais la vérité c’est que rien n’était différent à l’époque.
Je n’ai pas d’intérêt à dépeindre des personnages sans relief. Chaque figure sur la page a besoin de complexité. C’est la vérité de la condition humaine. L’artiste travaille en nuances de gris. L’art triomphe dans l’ambiguïté. Pour moi je pense que cela contribue à enrichir chacun des personnages, même s’il s’agit de l’une des personnes les plus sombres qu’il nous soit donné de rencontrer.

FRTT : Ce Lien Entre Nous présente des personnages plus complexes, plus ambigus encore que tes précédents romans . Et même quand Dwayne Brewer se perd dans les recoins les plus sombres de son esprit, on comprend sa peine, brisé qu’il est par la perte de son frère. Que voulais-tu explorer avec ce roman ? Parle-nous de ces liens qui font de nous ce que nous sommes, ces racines familiales et locales qui nous façonnent et qui sont au cœur de ton roman.
David : Avec Ce Lien Entre Nous, j’ai voulu créer un antagoniste vraiment mémorable et inoubliable. Je pensais à des personnages comme le marginal de Flannery O’Connor, Lester Ballard de McCarthy, Granville Sutter de William Gay ou Glen Davis de Larry Brown. Ce qui rend ces personnages si mémorables, c’est que, peu importe à quel point ils semblent horribles, quoi qu’ils fassent, on ressent toujours de brefs moments d’empathie avec eux. Donc, avec Dwayne, cela signifait lui donner un sens très profond du bien et du mal. Il agit avec un sens très élevé de la morale. Bien que le lecteur ne soit certainement pas d’accord avec toutes ses actions, il y a de fortes chances qu’il soit d’accord avec ce contre quoi il agit. Et cela complique la façon dont nous le voyons. Nous ne pouvons pas le considérer comme un méchant ou un mauvais garçon et cela rend les choses plus intéressantes.
À propos des thèmes abordés et de ce que je voulais explorer, tout se résume à cette unique question que pose Dwayne à Calvin vers la fin du roman: “Pour qui es-tu prêt à perdre la vie, mon ami ? En dehors de cela, il n’y a rien.”

FRTT : On voulait également consacrer une question aux Appalaches. Que représentent-elles pour toi ? Les vois-tu comme un refuge ? Une terre propice au roman noir ? Ressens-tu le même genre d’attachement que tes personnages à cette terre ?
David : Tu sais, contrairement à certaines personnes qui ont écrit des histoires qui se passent dans les Appalaches mais qui n’ont jamais vécu ici ou fait partie de cet endroit, j’écris sur ces montagnes parce que c’est littéralement la seule chose que je connaisse. Je n’ai tout simplement aucune relation ni aucune compréhension d’un autre paysage.
Chaque roman a été placé très spécifiquement dans le comté de Jackson, en Caroline du Nord, où je vis. Et contrairement à ce que certains voudraient croire, cette partie des Appalaches ne ressemble pas aux autres parties des Appalaches. Ce n’est pas un pays de charbon. Ce n’est pas la Virginie occidentale ou l’Est du Kentucky. J’écris sur un lieu très spécifique et c’est parce que je le connais intimement. Lorsqu’un personnage apparaît dans mon esprit, je sais même parfois jusqu’au pied de quel arbre il se tient. Littéralement. Je veux dire, il y a des arbres dans le livre auprès desquels je peux vous emmener et vous les montrer. Il y a un passage dans Ce Lien Entre Nous qui, je pense, capture ce dont je suis en train de parler et c’est quelque chose que je ressens vraiment dans chacun de mes os : “Ici, le sang était lié à l’endroit, de la même manière que certains noms étaient liés aux montagnes et aux rivières, aux combes et aux vallons, aux arbres et aux fleurs et à tout ce qui valait qu’on lui donne un nom. Les gens et les endroits étaient inséparables, liés depuis si longtemps que personne ne savait comment les séparer.” (trad. Fabrice Pointreau)

FRTT : Entre le temps que tu passes à travailler et le temps que tu passes dans la nature, comment écris-tu ? Tu es plutôt de ceux qui écrivent un peu tous les jours ou de ceux qui s’enferment pendant plusieurs semaines à la suite ?
David : Cela a été différent pour chacun des romans. Quand j’ai écrit mon premier roman, j’avais deux emplois. Je me levais à 7h00 et je commençais le premier à 8h00, quittais à 17h00 pour être au deuxième à 17h30 que je finissais à 21h30, je rentrais chez moi vers 22h00. J’écrivais ensuite de 22h00 à 3 ou 4h00 du matin presque tous les soirs, puis je me levais et recommençais. C’était par nécessité. C’était le seul moment où je pouvais écrire. Depuis, j’ai eu la chance de pouvoir m’en sortir financièrement, la plupart du temps. Occasionnellement, comme en ce moment par exemple, je dois retourner travailler dans la construction ou faire des petits boulots pendant un certain temps pour joindre les deux bouts. Mais pour la plupart de temps, j’écris.
Une chose qui n’a jamais changé, c’est que je n’ai jamais été du genre à écrire tous les jours. Je pourrais passer des mois sans écrire un mot. Mais tout ça continue de s’accumuler et de se construire derrière ma tête et puis un jour, ça arrive comme une météorite. Après, c’est ce que John Ashbery a appelé “la roue à aubes des jours”, ce que Raymond Carver a décrit comme “un jour s’imbriquant dans le suivant”. Ça a toujours été ainsi pour moi. Tu te prépares et tu y vas. La poussière ou la boue. Je ne suis jamais plus heureux que quand ça marche.

FRTT : On te sait proche de Ron Rash, qui a été ton prof. Mais de quels autres auteurs te sens-tu proche d’un point de vue littéraire ? Peter Farris ? Taylor Brown ? Et quelles seront les nouvelles têtes du rural noir ?
David : Pour être honnête, je ne sais pas si je me suis déjà senti proche d’autres écrivains en dehors de Ron. Je ne me suis jamais senti accepté à cause de l’endroit où je vis. La plupart des écrivains que j’admirais vraiment et qui m’ont influencé sont morts dans la décennie avant que je commence à publier. Je ne veux pas dire cela de façon péjorative. C’est juste que le sens de la communauté que beaucoup d’auteurs décrivent n’a jamais été quelque chose que j’ai vraiment voulu ou recherché. Je me sens plus connecté et inspiré par les gens de la classe ouvrière rurale qui m’entoure. Il y a beaucoup d’écrivains dont j’adore le travail évidemment, mais je ne ressens pour eux rien d’autre qu’un simple lien de lecteur.
À propos des futures personnalités du rural noir, je pense qu’il se passe quelque chose d’absolument merveilleux en ce moment, c’est qu’on a de plus en plus de diversité. Pendant si longtemps, les termes “rural” et “classe ouvrière” ont été synonymes de “blanc”. Nous, qui vivions ici on savait que ce n’était pas exact, mais c’est ce que la plupart des Américains croyaient. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu beaucoup d’écrivains noirs incroyables racontant des histoires rurales – que ce soit une écrivain honteusement sous-estimée comme Crystal Wilkinson du Kentucky ou quelqu’un de plus connu comme Jesmyn Ward (Belfond – 10/18). Mais il faut bien le dire, les genres comme le rural noir ont été complètement “blanchis” jusque très récemment. Mais le mouvement s’inverse et nous en sommes déjà témoins avec des auteurs tels qu’Attica Locke (Gallimard – Folio) et Shawn A. Cosby. Il aura fallu attendre longtemps, mais personnellement,  en tant que lecteur, c’est quelque chose que j’apprécie énormément. Ce sont des histoires qui doivent être racontées.

FRTT : C’est l’été 2020, le printemps a été marqué par le covid-19 puis par le mouvement Black Lives Matter, l’automne et le début de l’hiver seront marqués par les élections présidentielles… Comment as-tu vécu cette période et comment imagines-tu l’Amérique à la fin de l’année ?
David : Avec le Covid, j’ai eu beaucoup de chance, ça n’a pas changé ma vie de façon spectaculaire. Je vis dans un endroit incroyablement rural et je ne sors pas souvent. Je suis un mec casanier avec très peu d’amis. La majeure partie de la viande que nous mangeons, je l’ai chassée et la majeure partie des légumes que nous mangeons, je les ai cultivés. À part pour quelques bricoles essentielles, nous n’avions aucune raison d’aller dans un magasin. Ce n’est pas la réalité de la plupart des américains. On s’en est mieux sorti que beaucoup.
En ce qui concerne la crise raciale que nous vivons, en tant que pays, en ce moment, je pense que nous sommes arrivés à un moment où il faut rendre des comptes. Nous sommes un pays fondé sur et vivant dans l’ombre perpétuelle de la suprématie blanche. Ce n’était pas juste une période ni un seul point de l’Histoire. La suprématie blanche a été un continuum américain. Ce qui se passe maintenant est une réponse à cela et il est temps que ça arrive. Cependant, j’ai ressenti quelque chose d’étrange, et je veux dire étrange car je suis généralement quelqu’un de pessimiste, c’est que je me suis senti incroyablement optimiste à ce moment-là. Jamais ce type de solidarité n’avait existé en tant que réponse, non seulement au niveau national qu’au niveau mondial. Je pense que nous en avons tous marre de ces conneries et c’est galvanisant.

FRTT : Maintenant, la French Question : quelque chose de français qui t’inspire ou que tu as aimé récemment ? 
David : J’ai été très heureux de voir que le roman de Nicolas Mathieu “Leurs Enfants Après Eux” (Actes Sud – Prix Goncourt 2018) était traduit en anglais. Je pense que c’est un écrivain magistral !

FRTT : Et réponses rapides…

  • Un film : À Chacun Sa Guerre (The War) de Jon Avnet (1994)
  • Une musique : American Aquarium (Groupe de country alternatif originaire de Caroline du Nord)
  • Un plat : Entrée : rillettes de lapin with a baguette and Jurançon; Le Plat Principaux : confit de canard with roasted seasonal vegetables and Saumur Champigny; Dessert : seasonal fruit with crème montée and a biscuit, and a big ass glass of Armagnac. (tellement savoureux que sa réponse n’a pas besoin de traduction !)
  • Une boisson : Whisky irlandais Redbreast sec
  • Un roman : Prairie de James Galvin (Albin Michel – 2001)
  • Un voyage : Albi, pour pêcher le silure dans le Tarn

Notre chronique de Là Où Les Lumières Se Perdent : >> ici <<
Notre chronique de Le Poids Du Monde : >> ici << 
Notre chronique de Ce Lien Entre Nous : >> ici <<

Retrouvez toutes nos interviews en cliquant >> ici <<

Un grand merci à David Joy pour sa bienveillance et sa disponibilité et un grand merci aux éditions Sonatine pour leur confiance !

ENGLISH VERSION

From Richmond To Tacoma : Hi David ! We’d like to begin this interview talking with you about the american youth, one of the recurrent themes of your novels. What kind of difficulties do young peoples have to face at 20 in US ?
David Joy : I can’t imagine a more dismal time to grow up. We’re talking about a generation born under the flames and smoke of 9/11, a generation that grew from infants to adults amidst an endless and fruitless war. There are literally American soldiers being deployed into a war that began before they were born. On top of that you have the economic collapse of the mid 2000s. You have a second collapse taking place now. You have a healthcare crisis. You have an affordable housing crisis. Unemployment reached an all time high of 14.7 percent in April of this year. Ice that cake with a global pandemic, a racial day of reckoning, an opioid epidemic, a political war, a four-year presidency that’s played out like a goddamn cartoon. The fact that these kids are even able to smile and laugh is a fucking miracle. The fact that our suicide rate isn’t doubling by the year is akin to walking on water. This isn’t living so much as survival.

FRTT : When we read your novels, it seems like you still believe in humans. Of course your characters are stuck, most of the time, but except Thad Broom who is to me your darkest character, they still have dreams, principles. Am I wrong or do you still like your fellow human and less the society in which we’re living that breaks all this?
David : I think even a character like Thad has dreams and principles. His is a very American dream, which is a sort of nostalgic delusion, a yearning to return to some mythical and better before. He wants to go back to how things were, which in his mind was better than the now, but the truth is that things were no different then. I have no interest in painting flat characters. Every face on the page needs complexity. That’s the truth of the human condition. The artist works in shades of gray. Art triumphs in ambiguity. So I think for me it’s working to make every character rich even if it’s one of the bleaker people we encounter.

FRTT : The Line That Held Us presents characters that are more complex, more ambiguous than in your first two novels. And even when Dwayne Brewer loses himself in the darkest recesses of his mind, we understand his sorrow, as he’s broken with his brother’s loss. What did you want to explore with this novel? Tell us about the links that make us who we are, these family and local roots that shape us and are the core of your novel.
David : With Ce Lien Entre Nous I wanted to create a really memorable and unforgettable antagonist. I was thinking about characters like O’Connor’s Misfit, McCarthy’s Lester Ballard, William Gay’s Granville Sutter, or Larry Brown’s Glen Davis. The reason those characters are so memorable is because no matter how horrible they seem, no matter what they do, we still find ourselves experiencing brief moments of empathy. So with Dwayne it was giving him a really deep-seated sense of right and wrong. He operates from a place of perceived moral high ground. Though the reader certainly won’t agree with all of his actions odds are they will agree with what he’s acting out against. And that complicates the way we see him. We can’t dismiss him as a villain or a bad guy and that makes things more interesting. As far as themes and what I wanted to explore it all boils down to that singular question Dwayne asks Calvin toward the end of the novel: “For whom are you willing to lay down your life, friend? Outside of that there is nothing.”

FRTT : Also we wanted to give time, in this discussion, to the Appalachian Mountains. What are they for you? Do you see them as a refuge? A land favorable for the Noir genre? Do you feel the same attachment as your characters to this land?
David : You know, unlike some people who’ve set stories in Appalachia but never actually lived here or been a part of this place, I write about these mountains because it’s quite literally the only thing I know. I just don’t have any relationship or understanding of any other landscape. Every novel has been set very specifically in Jackson County, North Carolina where I live. And unlike what some might wish to believe, this part of Appalachia isn’t like other parts of Appalachia. This isn’t coal country. This isn’t West Virginia or eastern Kentucky. I’m writing about a very specific place and it’s because I know it intimately. When a character appears in my mind I know where they’re standing sometimes down to the tree. I mean this literally. I mean that there are trees in the book that I can take you to and show you. There’s a passage in Ce Lien Entre Nous that I think captures what I’m talking about and it’s something I feel inside my bones: “Here there was blood tied to place the same as there were names tied to mountains and rivers and coves and hollers and trees and flowers and anything else that ever seemed worth naming. People and place were some inseparable thing knotted together so long ago that no amount of time had allowed for an answer of how to untie them.”

FRTT : Between the time you spend working and the time you spend in nature, what is your writing routine? What kind of writer are you: the one who sits every day at his table to write some lines or the one that isolate himself during weeks to write the entire book?
David : Every book’s been different. When I wrote that first novel I was working two jobs. I’d get up at seven and be at the first job at eight, get off at five and be at the second job at five thirty, get off at nine thirty and get home around ten. I was writing from ten to three or four in the morning most nights then getting up and doing it again. That was out of necessity. That was the only time I had. I’ve been lucky since then to eke out a living writing full time for the most part. Occasionally, like right now, I have to go back and work construction or do odd jobs for a while to make ends meet. But for the most part I write. One thing that’s never changed is that I’ve never been one to write everyday. I might go months without writing a word. But all of it just keeps piling up and building in the back of my head and then one day it comes in like a meteor. After that it’s what John Ashbery called “the paddle-wheel of days,” what Raymond Carver described as “one day dovetailing into the next.” That’s how it’s always been for me. Fits and starts. Dust or mud. I’m never happier than when it’s working.

FRTT : We know you’re close to Ron Rash, who was your teacher. But who are the other writers you feel close to, literary speaking? Peter Farris? Taylor Brown? And who will be the next figures of the rural noir genre?
David : To be honest I don’t know that I’ve ever felt close to any writers aside from Ron. I’ve never felt accepted by the region where I live. Most of the writers I really admired and was influenced by passed away in the decade or so before I started publishing. I don’t mean that as a bad thing. It’s just that the sense of community a whole lot of writers describe has never been something I really wanted or sought. I feel more connected and inspired by the rural, working class folks I surround myself with. There are obviously piles of writers whose work I adore, but I don’t feel any connection to them really as anything other than a reader.
As far as the next figures in rural noir, I think one thing we’re getting now which is absolutely wonderful, is more diversity. For so long the terms “rural” and “working class” were synonymous with “white.” Those of us who lived here knew that wasn’t accurate, but that’s what most Americans believed. Now that’s not to say there haven’t been plenty of incredible black writers telling rural stories—whether that be a shamefully under-appreciated writer like Kentucky’s Crystal Wilkinson or someone more widely known like Jesmyn Ward. But that is to say genres like rural noir have been utterly whitewashed until recently. That’s the next wave I think and we’re witnessing it with writers like Attica Locke and S.A. Cosby. It’s long overdue and something, which as a reader, I’m really enjoying. These are stories that need to be told.

FRTT : It’s summer 2020, spring was marked by covid-19 and then by the Black Lives Matter movement, autumn and early winter will be marked by the presidential elections … How did you live this period and how do you imagine America at the end of the year?
David : As far as COVID, I’ve been very fortunate in that my life didn’t change dramatically. I live in an incredibly rural place and don’t go out often. I’m a homebody with very few friends. Most of the meat we eat I hunt and most of the vegetables we eat I grow. Aside from a few essentials, we really had very little reason to go to a store. That’s not the reality of most Americans. So we fared better than most.
I think in regards to the racial crisis we’re experiencing as a country in this moment, we have reached a day of reckoning. We are a country founded upon and living within the perpetual shadow of white supremacy. It wasn’t a moment in a time, or a single spot in history. White supremacy has been an American continuum. What’s happening now is a response to that and it’s long overdue. I think something strange, though, and I mean strange in the sense that I am typically a very pessimistic person, is I have felt incredibly hopeful in this moment. Never before has this type of solidarity, not just on the national level, but globally, existed as a response. I think we are collectively sick of the bullshit and that’s a powerful place to be.

FRTT : The last question is what we call “The French Question” : Something french that inspires you or you liked recently ? (it can be a movie, music, food, wine…)
David : I was really happy to see Nicolas Mathieu’s And Their Children After Them translated into English. I think he’s a masterful writer.

And finally, quick answers :
1 movie : The War (1994) from Jon Avnet
1 music : American Aquarium
1 meal : Entrée: rillettes de lapin with a baguette and Jurançon; Le Plat Principaux: confit de canard with roasted seasonal vegetables and Saumur Champigny; Dessert: seasonal fruit with crème montée and a biscuit, and a big ass glass of Armagnac.
1 drink : Redbreast Irish whiskey neat
1 novel : James Galvin’s The Meadow
1 trip : Albi to fish the Tarn for wels catfish

 

Propos recueillis par Smith pour From Richmond To Tacoma – 2020

Close