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DAMIEN JURADO, Reggae Film Star

Maraqopa Records/2022

Avec ce 18ème album, deuxième long format paru sur son label perso, Damien Jurado continue son exploration de l’indie folk américain, en optant pour un quasi concept-album cinématographique. Et c’est plutôt réussi.

“That’s my life
Heard in a grocery store
My first divorce
Sung by a choir”

Avec une désormais belle régularité, le songwiter américain originaire de Seattle, Washington State nous donne rendez-vous pour la sortie d’un nouveau disque. Depuis quelques années, Damien Jurado a décidé d’adopter un rythme plutôt soutenu, allant à l’encontre de celui des labels, pour sortir ses disques. Il faut dire que, voilà, pendant le printemps 2020, le musicien a écrit et composé l’équivalent de 6 ou 7 albums. L’an passé, Monster Who Hated Pennsylvania nous présentait l’histoire de plusieurs personnages (Johnny, Dawn, Langston ou Jennifer). Avec Reggae Film Star, Damien Jurado continue dans sa lancée. Il délivre un disque cinématographique, s’immisçant dans la vie d’acteurs de manière plus ou moins cryptique. Son ami multi-instrumentiste Josh Gordon, qui l’accompagne aussi en tournée, est présent, insufflant cette sorte de groove pop (ces basses rondes jouées au médiator, notamment) tandis que Jurado assure le chant, la guitare et d’autres instruments. Un choeur mixte et des cordes complètent le casting.

“It’s a sick joke
Where the bad guys win
In the end”

Un nom revient deux fois sur le disque. Il s’agit de Roger. Un acteur et ses démons. C’est sur ce genre de personnages que Damien Jurado a voulu s’attarder ici. Pour plusieurs raisons, son amour des films et séries et son appétence pour conter des histoires. Outre Roger, il y a Paul Sand, acteur américain né en ’32 et qui a joué dans de nombreux films et séries (Alice, Code Quantum, Magnum, X-Files…). Jurado s’amuse à parler de ces acteurs plus ou moins connus – des seconds couteaux – et de leur vie professionnelle ou intime. Comme s’il cherchait par ce biais à sonder l’âme humaine. On rencontre aussi Eddie Smith sur fond d’easy listening/bossa (Meeting Eddie Smith). Avec ses allures de Qachina down tempo, Gork Meets the Desert Monster clôt le disque dans une atmosphère mystérieuse et mélancolique qui évoque l’ami et producteur de longue date Richard Swift, disparu il y a quatre ans (l’album Visions of Us on the Land, dont est issu le morceau Qachina, fait partie des disques produits avec Swift).

“Look into the camera
Now hold still
We’ve got you
One more time with anger, and sadness
I believe you”

Une série de chansons courtes racontant la vie d’acteurs de films et de séries sur une bande son indie folk/pop. Avec Reggae Film Star, Damien Jurado fait de nouveau preuve d’un épatant savoir-faire et l’amateur de songwriting ne peut qu’être ravi.

Georges.

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