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CURTIS HARDING, If Words Were Flowers

Anti-/PIAS/2021

Sur la pochette de son troisième album, en costume de velours vintage, le soulman américain Curtis Harding a la main levée en l’air, rappelant Tommie Smith et John Carlos, athlètes noirs américains levant le poing aux J.O. de Mexico en ’68 pour protester contre le racisme. Sur fond de violences policières et de pandémie, le chanteur saisit les oreilles avec un nouveau répertoire inspiré, honnête et engagé, non sans une certaine dose de groove à l’ancienne.

Quand le vétéran Lee Fields nous assénait en 2019 qu’il allait faire pleuvoir l’amour (l’album It Rains Love paru chez Big Crown Records), Curtis Harding, lui, en 2021, est plus dans la retenue mais s’est quand même donné comme mission avec ce nouvel album de prodiguer un message d’amour et d’espoir, surtout après les événements de ces dernières années aux Etats-Unis. Entre soul et gospel, le morceau d’intro nous invite à entrer dans la ronde. Le mec ne nous a pas trompés. Ces choeurs, cette trompette et ces guitares soyeuses et funky, tout est là pour véhiculer ce message positif et poétique, comme le titre – un clin d’oeil à sa maman – semble l’indiquer. Ne cédant pas non plus à la mièvrerie, le single Hopeful accompagné de couplets quasi-rappés et de choeurs divins, nous envoie un petit uppercut mélodique à la Isaac Hayes – des arrangements au cordeau – en tâchant de nous convaincre qu’après tout il y a de l’espoir.

Le soulman ne se larmoie donc pas, on l’a dit. Un petit Can’t Hide It amoureux et mayfieldien à souhaits nous le confirme. Et pour éveiller les consciences, bousculer nos certitudes, il questionne avec un Where is the Love ? au son bluesy. Plus loin, pour explorer encore un peu plus le son comme il l’avait fait sur son deuxième album Face Your Fear, Curtis Harding injecte des nappes de claviers qui se mêlent à des cuivres spectraux, sa voix passant aisément à un falsetto évoquant Prince (Explore). Et même lorsque sous la bénédiction de Saint Kanye, il s’empare de cette arme de destruction auditive – j’ai nommé l’autotune -, le chanteur passe la barre grâce à un instrumental impeccable (So Low). I Won’t Let You Down, tel un classique du genre (toujours ces cuivres impeccables et ces choeurs gospel de haut vol), finit le disque en majesté.

Qu’il fasse réfléchir ou danser, Curtis Harding réussit sur ce troisième album à insuffler une belle énergie mûe par l’espoir et un certain sens du groove. Par les temps qui courent, ça fait du bien. Tout simplement.

Georges.

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