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Gravesend, WILLIAM BOYLE

Rivages

Gravesend. Quartier de Brooklyn coincé entre les arrondissements huppés du nord du borough et les montagnes russes mélancoliques de Coney Island où ont élu domicile nombre d’immigrés russes et italiens. La vie y est dure et les boulots, quand il y en a, sont loin d’être prestigieux et il est très facile de tomber dans des choses plus illégales pour s’en sortir.
C’est ce cadre que retrouve Ray Boy après avoir purgé une peine de seize ans derrière les barreaux pour un crime homophobe. Ce retour va alors bouleverser la vie de Conway, frère de Duncan la pauvre victime de Ray Boy, qui attendait ce moment pour se venger. Mais ce bouleversement ne va pas toucher que la vie de Conway mais celles d’autres personnages dont les chemins se croiseront alors que rien ne leur prêtait une destiné commune. Alessandra, actrice ratée qui après avoir tenté sa chance à L.A. revient dans la Grosse Pomme, honteuse de ne pas avoir été là pour les derniers jours de sa mère. Eugene, neveu de Ray Boy, à peine 13 ans et qui a déjà envie de jouer les caïds. Ou encore Stéphanie, bientôt le trentaine et qui vie toujours avec sa mère, caricature de la matriarche italienne.
Alors que Le Témoin Solitaire a suscité autant de joie que de déception auprès des lecteurs, certainement victime du livre (trop) médiatisé qui génère beaucoup d’attente – comme a pu l’être Idaho d’Emily Ruskovich – son premier roman est une réussite de roman noir. Si on se doute dès les premiers chapitres que l’on ne va pas se diriger vers une issue joyeuse, Boyle écrit comme sur du papier à musique une mélodie noire dans un quartier qu’il connait bien, des rues arpentées avec mélancolie, où ils cèlent le destin de ses personnages sans larme et ni apitoiement.

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