Médiapop Editions
—
Mark SaFranko est un auteur culte pour les lecteurs amateurs de cette littérature américaine indépendante qui avait fait les beaux jours des Editions 13e Note. Une maison qui nous avait fait découvrir l’auteur du New-Jersey et son alter ego Max Zajack le long de quatre romans Putain d’Olivia, Confessions d’un Loser, Dieu Bénisse l’Amérique et Travaux Forcés – , un personnage qui avait subitement disparu en même temps que son éditeur. Puis on retrouvait Zajack avec bonheur quelques années plus tard chez la maison nancéienne des Editions de la Dragonne à travers des nouvelles mais surtout avec une nouvelle traduction réussie de Putain d’Olivia qui laissait entrevoir la parution d’autres histoires du loser magnifique. Et la voici donc, certes chez un autre éditeur (un mystère à résoudre) mais toujours avec la superbe traduction de Annie Brun, déjà aux claviers pour les quatre livres parus chez la Dragonne. Et sans suspense, on n’est pas déçu.
“C’est quand tu te retrouves à flotter au milieu des étrons que tu réalises que tu nages dans un torrent de merde.”
La formule est un peu exagérée mais elle résume assez bien la situation de Max Zajack. Bien que désormais en couple avec Gayle, une femme aux antipodes de cette putain d’Olivia qui prend Max et l’ensemble de ses travers comme ils sont, il ne sait plus trop quelle direction donner à sa vie. Il se morfond dans son travail chez une compagnie téléphonique et sa carrière d’écrivain est au point mort. Pour booster cette dernière, il décide de tenter sa chance comme acteur en espérant ainsi définitivement lancer son art premier. New-York ce n’est pas Hollywood et selon lui il a toutes ses chances ici. Mais cela reste à voir.
“C’est usant d’être déçu encore et encore. Tu finis par te dire que rien ne changera jamais. Que toute ta vie les choses ne feront que s’aggraver, et que c’est normal. Tu t’habitues à te faire flinguer. et peu à peu tu réalises que t’en as plus rien à battre.”
Auditions sans suite. Auditions réussies mais pour des projets qui ne verront jamais le jour. Auditions sorties tout droit d’un trip sous acides. La carrière de Max ne décolle pas. Et quand il trouve un rôle pour une pièce, celle-ci n’arrive pas à mettre la lumière sur lui. Et le fric ne rentre pas, obligeant Zajack a accepté des boulots merdiques comme coursier ou relecteur de spots publicitaires. Et son grand rêve d’adapter Henry Miller au théâtre vire vite au cauchemar. Et Gayle qui tient le couple sur les rails a décidé de reprendre ses études. Max Zajack a tout du loser mais il trouvera toujours comment s’en sortir.
Chronologiquement, Tout Sauf Hollywood reprend les aventures de Max Zajack où on les avait laissées avec Confessions d’un Loser. Toujours dans ce style rapide fait de courts chapitres qui sont autant d’histoires et qui pour certains ont fait l’office de nouvelles isolées, Mark SaFranko déroule un roman cynique, toujours positif malgré les circonstances et surtout très drôle, la traduction parfaite de Annie Brun étant au service du sens de la formule de l’auteur. Toujours très autobiographique, le livre prend même une étrange tournure dans son dernier quart où la réalité s’invite dans la fiction. On ne sait pas si avec Tout Sauf Hollywood Mark SaFranko gagnera de nouveaux aficionados, mais quoiqu’il en soit il ne décevra pas son lectorat français.
2 comments