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L’Antre Du Mal, BILL LOEHFELM

Belfond

On vous l’avait promis, plus d’un an après avoir fait la connaissance de Maureen Coughlin dans Face Au Mal (Belfond – 2014), retrouvons-la dans ce deuxième roman de Bill Loehfelm publié en France. Cette fois, c’est en Louisiane en tant que bleue dans la police de la Nouvelle-Orleans que nous aurons le plaisir de la suivre. Elle a quitté Staten Island, sa vie de serveuse et les souvenirs traumatisants qui s’y rattachent – le meurtre de son patron et les problèmes qui vont avec – pour changer de vie, dans cette région qui peine à se reconstruire après le passage de l’ouragan Katrina. Sa formation se termine dans quelques jours et Maureen tente de prouver à ses supérieurs et futurs collègues qu’elle peut être une bonne flic, quitte à faire un peu trop de zèle.

C’est l’été, un été chaud et moite comme La Nouvelle-Orléans en connait. Quelques années après le passage de Katrina en 2008, les plaies sont encore béantes. Les frêles habitations tardent à être reconstruites, certains quartiers sont dépeuplés. Il y règne misère et défiance, terrain propice à la violence et aux trafics en tout genre.
Maureen patrouille avec le sergent Preacher Boyd, un agent chevronné, placide et ventripotent chargé de lui apprendre les ficelles du métier et la réalité du terrain, un homme pour qui s’économiser est la solution pour tenir jusqu’à la retraite. Lors d’une quasi-banale intervention dans un immeuble pour une dispute entre un homme et une femme, les flics vont tomber sur une cache d’armes et de drogue, premier élément d’un puzzle dont les pièces ne seront pas simple à assembler, d’autant plus que quelqu’un s’amuse à les faire disparaître.
Dans un quartier où tout le monde se connaît – qui protège qui ? Qui craint qui ? – Il se pourrait bien que les victimes aient également un peu de sang sur les mains…

Tout comme son prédécesseur, L’Antre Du Mal rempli parfaitement sa mission. Bill Loehfelm nous délivre un polar social impeccablement mené, au rythme maîtrisé et aux nombreux atouts. Parmi lesquels, bien-sûr, ses personnages “crousti-fondants”, durs et teigneux en apparence mais qui finissent toujours par révéler une tendresse et des failles plutôt touchantes. Et ce décor unique qui, non, n’est pas un personnage à part entière, évitons ce cliché, mais accueille parfaitement cette enquête qui n’aurait pas pu se tenir ailleurs, l’histoire de la ville en étant littéralement un élément essentiel.
Originaire de New-York et désormais installé à La Nouvelle-Orléans – comme son personnage, donc – Bill Loehfelm retranscrit parfaitement ambiances, odeurs, lumières et détails. On est nous aussi en patrouille avec Maureen et Preacher, café qui refroidit dans son gobelet en carton à la main dans une voiture à la clim incertaine et à la radio qui crépite, sous le regard méfiant des habitants de la ville, les orchestres de rue répétant au loin, les gamins jouant au basket sur les aires de jeu défoncées…

Il y aurait encore beaucoup à dire, sûrement, sur ce personnage féminin incroyable et sur le fond social de ce polar, mais on vous encourage juste à le découvrir par vous-même et vous faire votre propre opinion. Nous, en tout cas, on suivra Bill loehfelm.

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