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Komodo, DAVID VANN

Gallmeister

Un nouveau roman de David Vann, c’est toujours un petit évènement pour son cercle de fans. Il revient à la véritable fiction, genre qu’il n’avait plus abordé depuis Aquarium, entre la réécriture du mythe de Médée (L’Obscure Clarté De L’Air) et l’autobiographie romancée d’Un Poisson Sur La Lune. On plonge donc au sens propre comme au figuré dans les eaux faussement calmes de Komodo.

Tracy, à mi-chemin entre la quarantaine et la cinquantaine, mère de jumeaux, délaissée par son mari, voit en l’invitation de son frère Roy une échappatoire , certes momentanée, à son quotidien. Un séjour sur l’île de Komodo pour plonger au milieu des raies et des requins, mais aussi pour tenter de renouer avec son frère écrivain qui a tout plaqué après son divorce. Mais Tracy garde une certaine rancoeur envers son frère que la beauté des fonds marins n’arrive pas à dissiper et  qui au contraire pourrait être le théâtre du règlement de comptes de la fratrie.

Il y a toujours un côté malsain, pervers, à la limite du voyeurisme quand on se plonge dans un roman de David Vann. Une perversité de voir la face sombre d’êtres humains qui atteignent le point de non retour. On sait toujours que les choses vont prendre un mauvais tournant dans les livres de Vann, la question est quand? Komodo ne déroge pas à la règle même s’il est moins marquant et par conséquent en dessous de Sukkwan Island ou de Désolations. Les liens familiaux défaillants restent comme toujours le fil conducteur de l’histoire, des non-dits et conflits non résolus qui poussent une personne lambda au pire, comme ici la mère de famille qu’est Tracy. Même si Komodo est moins puissant que ses prédécesseurs, il n’en reste pas moins que la plume de David Vann est la référence pour faire vaciller tout un chacun du mauvais côté.

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