Sonatine
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En attendant la sortie du troisième roman de David Joy, Ce Lien Entre Nous, repoussé à Mars 2020 (smiley colère), petit retour sur son premier, dont on vient de terminer la lecture, publié en 2016 chez Sonatine.
En quelques pages, on comprend que Là Où Les Lumières Se Perdent va être ce genre de roman où la fin ne peut être que tragique, on le souhaite même un peu. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’espérer une destinée plus heureuse pour le jeune Jacob et c’est là une des principales forces de ce roman.
Jacob, c’est le fils de l’impitoyable Charles McNeely, baron de la drogue local, un homme craint et respecté, qu’on ne contrarie pas et qui nous rappelle immanquablement, par son caractère facile (#ironie), le Matt Mitcham de la série Top Of The Lake (interprété par Peter Mullan).
Jacob aimerait partir avec Maggie, son amie d’enfance, ne pas suivre la voie qui lui est réservée, ici, dans ce petit village des Appalaches, et cette décision risque de contrarier profondément son paternel. Mais a-t-il vraiment le choix ? Résigné, il s’est éloigné d’elle pour son bien.
Un soir, alors qu’il est chargé par son père de faire taire un témoin gênant, l’histoire se goupille mal et on va découvrir que celui qui devait finir à la morgue ne finit en fait qu’à l’hôpital, risquant de se réveiller et de remettre en cause la pérennité du business McNeely, précipitant par la même occasion la décision que le jeune homme n’ose pas vraiment prendre.
Si la base du récit peut paraître plutôt “sobre”, il faut reconnaitre à David Joy un talent certain pour créer des personnages denses, crédibles et torturés, qu’ils soient attachants, détestables ou complètement pourris d’ailleurs.
Le récit se déroulant sur un lapse de temps assez court, en peu de lieux, on a l’esprit complètement libre pour s’identifier au jeune Jacob et à ses aspirations.
David Joy nous parle d’une jeunesse américaine qui peine à se construire et à se reconnaître dans cette société rongée par la drogue et la misère et nous livrait, avec Là Où Les Lumières Se Perdent, un premier roman déchirant, sombre, moderne et épuré.
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