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SUFJAN STEVENS, Javelin

Asthmatic Kitty Records/Modulor/2023

Huit ans après avoir fait paraître l’un des classiques du folk de l’année 2015 – le magnifique Carrie & Lowell -, l’Américain Sufjan Stevens revient avec Javelin, un disque intime et céleste.

Il est considéré comme l’un des musiciens les plus prolifiques de sa génération. Une fois Carrie & Lowell sorti, Sufjan Stevens ne s’est pas arrêté là : on le savait avide d’expériences sonores en tout genre, passant aisément de l’électro (The Ascension) à la musique de relaxation (Convocations, un coffret de cinq disques tout de même), tout en enregistrant des disques collaboratifs (Planetarium, avec Nico Muhly et Bryce Dessner de The National, Aporia avec son beau-père Lowell Brams et le merveilleux A Beginner’s Mind avec Angelo De Augustine). Ok, Sufjan Stevens en fait peut-être trop mais il sait aussi prendre son temps puisqu’il a profité d’une pause de deux ans pour quitter Brooklyn, se mettre au vert et installer un nouveau home studio.

C’est avec grand plaisir que l’on retrouve ces sonorités folk (avec un peu de machines) et cette voix fabuleuse, à la fois douce et fragile, accompagnée en ouverture d’album par un piano puis par tout un choeur féminin (Adrienne Maree Brown, Hannah Cohen, Mina Tindle, Megan Lui et Nedelle Torrisi) et des instruments célestes qui n’auraient pas démérité sur Illinois ou The Age of Adz. Le banjo de Seven Swans signe également son retour sur le très beau titre Will Anybody Ever Love Me ?, où la mélodie parfaite est entourée de voix. Ces choeurs omniprésents font des merveilles. Ils vont et viennent, soulèvent les morceaux qui atteignent ici des sommets (Everything That Rises, My Red Little Fox, So You Are Tired, Shit Talk). S’ouvrant un peu plus sur ses sentiments et relations (la rupture, le couple…), Sufjan Stevens touche en plein coeur avec force arpèges et arrangements d’orfèvre. Pour terminer en beauté, cette voix sensible dialogue avec le choeur sur une reprise de Neil Young (There’s a World présente sur Harvest) certes méconnaissable mais tout à fait remarquable.

Avec ce nouvel album porté par des chansons à la fois flamboyantes et intimes, Sufjan Stevens pose une nouvelle pierre à l’édifice qu’il construit depuis plus de vingt ans.

Georges.

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