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MICAH P. HINSON and the Gospel of Progress

Sketchbook Records / 2004

C’est l’histoire d’un jeune homme né à Memphis, Tennessee, élevé dans une famille de fondamentalistes chrétiens qui découvre la musique mais aussi le skate et la drogue et qui expérimentera ainsi la banqueroute, la vie dans la rue, la prison, même. On passe sur un effroyable accident de van pendant une tournée en Espagne en 2011, la perte temporaire de l’usage de ses deux bras et la dépression qui s’ensuivit. Cette histoire n’est pas celle d’un roman ni d’un film. Cette histoire, son histoire, Micah P. Hinson la met en musique depuis plus de 15 ans au fil d’une dizaine d’albums et de EP, du premier et magnifique Micah P. Hinson and the Gospel of Progress au plus récent When I Shoot at You With Arrows, I Will Shoot to Destroy You (2018), en passant par le conceptuel et somptueux The Holy Strangers (2017).

C’est son premier album paru en 2004 qui nous intéresse aujourd’hui. Enregistré à Manchester avec un groupe complet (les musiciens anglo-américains de The Earlies), ce premier album est un succès critique. Et pour cause, Micah P. Hinson, âgé d’à peine 23 ans, y pose les bases d’un songwriting déjà mâture, la qualité des compositions (ne serait-ce que les trois premiers morceaux, Close Your Eyes, Beneath the Rose, Don’t You, Pt 1& 2, magnifiques) impressionne. Il impose également une voix rauque et profonde qui tutoie celle de Johnny Cash. Ce dernier fait d’ailleurs partie des influences de Micah P. Hinson, tout comme Hank Williams, John Denver, Patsy Cline, The Beatles et les écrits de Charles Bukowski ou Hunter S. Thompson.
Tout comme ses héros, Micah P. Hinson a vécu mille vies. Ses chansons, qui en témoignent, sont à la fois élégantes et sombres, tour à tour minimalistes et emphatiques, à chaque fois sincères et troublantes. Parfois simplement ponctuées par un mélodica, un piano ou une guitare électrique, les mélodies filent droit au coeur (Caught in Between, You Lost Sight on Me).

Le groupe expérimenté qui accompagne Micah P. Hinson sait entourer ses arpèges délicats avec violoncelle, batterie, orgue Hammond et choeurs, il fait s’élever les morceaux, proposant ainsi de longues plages telles que Don’t You, Pt 1& 2 et le final The Day Texas Sank to the Bottom of the Sea, à la façon d’un gospel progressif.

Un jeune homme de 23 ans à la vie cabossée qui donne tout ce qu’il a dans ses chansons et délivre un premier album à la beauté rare, on n’en trouve pas à tous les coins de rue. Alors, chérissons Micah P. Hinson. Amen.

Georges.

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