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ANDY SHAUF, Norm

Anti-/2023

Roi de la discrétion et orfèvre indie pop, le songwriter canadien Andy Shauf nous présente Norm à travers une série de chansons joliment produites et finement arrangées.

Il ne fait jamais beaucoup de vagues, ne s’expose pas énormément. Cependant, il sort très régulièrement des disques, tourne pas mal. La presse spécialisée est souvent très positive à son sujet. Il faut dire qu’elle a souvent raison : Andy Shauf ne rate pas ses disques. Démarrée en 2009 avec l’album Darker Days, sa carrière de songwriter est donc ponctuée de savoureux albums (The Bearer of Bad News en 2015, The Party en 2016, The Neon Skyline en 2020 et Wilds en 2021) et ainsi régulièrement saluée.

Multi-instrumentiste, le Canadien de 35 ans, produit ses disques seul, dans l’isolement du studio, en jouant de tous les instruments. Derrière une guitare aux accords discrets mais justes, une basse ronde, une batterie mate, parfois une clarinette et de vieux claviers, Shauf nous fait découvrir à chaque album un univers rempli de personnages, d’histoires, se dévoilant lui-même peut-être un peu. Par exemple, sur le magnifique Neon Skyline, son précédent album mixé par Rob Schnapf (Elliott Smith, Beck et plus récemment le français H-Burns), il évoquait sous forme quasi-auto-biographique un jeune type qui passait son temps dans un bar et ressassait son passé et une rupture difficile, parlait de ses amis. The Party, quant à lui, racontait une fête et ses protagonistes. En somme, il faut voir les chansons d’Andy Shauf comme différentes scènes d’un film. Ou les chapitres d’un roman. Tout y est lié, tous les personnages correspondent.

Pour ce nouveau disque, Andy Shauf dit s’être inspiré du réalisateur David Lynch pour créer ce personnage, Norm (diminutif de “Norman” en anglais mais également “la norme”), un type normal, un peu en mal d’amour et qui révèle petit à petit une part d’ombre. Pour en rajouter dans cette atmosphère nocturne, on retrouve cette production ouatée, intimiste, parfois jazzy qui invite à une écoute au salon, à une sorte de recueillement, même. Les nappes de claviers apporte des atmosphères en suspension (Wasted On You, Catch Your Eye, Telephone), quelque chose d’un peu aérien. La voix du Canadien, tout en mélancolie, navigue par dessus, discrète, susurrée. Presque à la manière de Chet Baker sur des titres feutrés aux ambiances jazzy (Norm, Daylight Dreaming).

Certes, Andy Shauf ne renouvelle pas vraiment sa production, Norm n’est pas aussi réussi que ces prédécesseurs, quelques titres tirant ici leur épingle du jeu alors que d’autres peinent à convaincre totalement. Malgré cela, saluons la capacité du Canadien, à mi-chemin entre songwriter, romancier et scénariste, à nous embarquer à chaque album dans un univers propre et ce, dans un magnifique écrin indie pop/folk/jazz.

Georges.

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