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FLEET FOXES, Shore

Anti-/PIAS/2021

Recentré autour de son unique songwriter Robin Pecknold, Fleet Foxes signe un nouvel album plutôt réussi, moins tortueux et complexe que Crack-Up (2017) et enregistré entre New-York, Paris et Los Angeles.

Après avoir repris ses études, laissé couler un peu d’eau sous les ponts (entendez par là s’être isolé un temps de cette success story après la sortie des deux premiers albums Fleet Foxes (2008) et Helplessness Blues (2012)), Robin Pecknold était revenu avec ce troisième album, Crack-Up, plus sombre, plus prog, plus ampoulé, comportant une série de titres en deux ou trois parties qui finalement déroutait. N’ayant pas fait appel à ses acolytes habituels pour cause de pandémie, le musicien s’est tourné, lors de sessions d’enregistrement new-yorkaises, vers deux membres de Grizzly Bear (Christopher Bear et Daniel Rossen) et la productrice Beatriz Artola (Ryan Adams, Adele, The Kills, Interpol) a composé une chorale d’enfants dont les filles du chanteur de The Walkmen, Hamilton Leithauser. Kevin Morby s’est également joint au casting.

Ici revenu à plus de sérénité, Pecknold a conservé cet aspect très lyrique et aérien de sa musique C’est la très jolie voix de la Nigériane Uwade Akhere qui démarre l’album sur le très court Wading In Waist-High Water. Puis, le lumineux Sunblind continue dans cette lancée et promet de beaux moments comme Pecknold a su en offrir depuis le premier album. Qui plus est, Sunblind est un hommage aux musiciens disparus (Elliott Smith, Richard Swift, David Berman de Silver Jews ou encore John Prine). Tout aussi lumineux et mélodique (ces harmonies vocales, bon sang !), Can I Believe You confirme que le chanteur de Seattle est toujours inspiré. Plus tard, après nous avoir rassuré sur ses talents de songwriter, il délivre un Jara que Paul Simon n’aurait pas renié, autre fameux songwriter inspiré jadis par les musiques du monde. Featherweight porte lui très bien son nom, c’est un morceau à la Beach Boys qui volète telle une plume, amené par un piano sautillant et toujours ces harmonies de haute volée. Oui, car quand il ne sample pas l’un de ses songwriters favoris (sur le magnifique Cradling Mother, Cradling Woman où l’on retrouve une ligne vocale de ce bon vieux Brian Wilson), Robin Pecknold semble vouloir s’inscrire dans cet axe pop 60’s-70’s. Going-to-the-Sun Road en est l’un des nombreux exemples. En milieu d’album se pose For A Week Or Two, balade piano-voix (et aussi oiseaux) d’une remarquable finesse et simplicité. Plus loin, Maestranza et Young Man’s Game, au tempo plus rapide, dessinent en trois minutes des contours plus rock. Puis, vient la douce Thymia et ses arpèges folk. Shore, un autre morceau qui débute piano-voix comme une très jolie berceuse, clôt le disque, comme pour concilier mélancolie et espoir (cette fameuse saudade) dans le ressac d’une batterie feutrée et de quelques cuivres et choeurs dignes des meilleures bossas.

Foisonnant sans être ennuyeux, éthéré sans être plombé, mélodique sans être alambiqué, Shore ouvre à la musique de Robin Pecknold et ses Fleet Foxes de nouveaux horizons. Et c’est tout simplement un très beau disque.

Georges.

 

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