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Eteindre La Lune, WILLIAM BOYLE

Gallmeister

Eté 1996. Bobby et Zeke, quatorze ans aiment jouer aux jeux vidéos ou voler quelques CD et des cigarettes dans l’épicerie du coin. Mais ils ont trouvé un jeu plus marrant : jeter des coupelles de ketchup ou de mayonnaise sur les voitures qui circulent sur la Belt Parkway, une grande artère du sud de Brooklyn. Une fois lassés du jet de condiments, ils passent aux balles de tennis mais pensent rapidement à autres choses car les petites balles jaunes rebondissent trop. Alors ils pensent aux pierres car elles pourront permettre d’en plus casser un pare-brise. Sauf que le jour où ils mettent leur plan à exécution, ils provoquent la mort d’Amélia, une jeune femme de dix-huit ans. Les deux ados prendront la fuite et ne seront jamais retrouvés. Sauf que Amélia est la fille de Jack, un redresseur de torts qui n’aura de cesse de vouloir retrouver ceux qui ont provoqué la mort de sa progéniture.
Cinq ans plus tard, Bobby ne s’est pas vraiment repris en main et bosse pour Max Berry, un magouilleur qui a trouvé une combine pour se faire du fric sur le dos de personnes crédules. Jack lui cherche toujours à faire le deuil de sa fille en s’inscrivant à un atelier d’écriture animé par Lilly, une jeune femme avec laquelle il va nouer une forte amitié. Mais Lilly se trouve être la demi-soeur de Bobby. Chacun va alors vivre sa vie, jusqu’à ce que les destins de chacun finissent par se croiser et ne pourront avoir qu’une issue dramatique.

William Boyle, au même titre que Jake Hinkson ou David Joy, est capable en prenant à chaque fois le même synopsis d’écrire une histoire différente. Eteindre La Lune ne déroge pas au cahier des charges de ses prédécesseurs, notamment de son dernier livre La Cité Des Marges dont il est vraiment le proche parent. On se retrouve à arpenter les rues du sud de Brooklyn entre Gravesend et Besonhurst avec à l’horizon les manèges de Coney Island. Des lieux familiers avec des devantures que l’on commence à bien connaitre, comme celle du Wrong Number où beaucoup des personnages de Boyle ont leurs habitudes. Et c’est cette familiarité et ses liens entre chaque roman qui sont toute la force et le caractère de l’oeuvre de l’ancien disquaire. A chaque fois que le lecteur se plonge dans un livre de William Boyle, il est en terrain connu et se laisse prendre immédiatement par la nouvelle toile tissée entre des personnages dont les vies vont irrémédiablement et fatalement se croiser, une écriture brillante qui fait qu’aucun sentiment d’indifférence vis-à-vis des protagonistes n’est possible. Eteindre La Lune est un nouveau chapitre des chroniques de Brooklyn de William Boyle, certainement l’un des plus réussis, un roman noir parfaitement millimétré et très cinématographique. On fantasmerait même de voir tout cela adapté sur écran par un type comme James Gray.

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