Sonatine
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Qui sont donc ces femmes qui n’ont pas d’histoire? Wren, jeune fille au milieu d’une adolescence qu’elle doit vivre au sein des montagnes des Appalaches, dont l’ombre d’un père prédicateur, manipulateur de serpents, adulé ou craint de tous depuis qu’il s’en est miraculeusement sorti après avoir été frappé par la foudre. Ruby, la mère de Wren, qui vit effacée dans l’ombre de son mari. Ou Ivy, la meilleure amie de Ruby, mère de quatre enfants, vivant pauvrement dans ce paysage d’une rust belt à l’abandon. Pas d’histoire? Mais que s’est-il passé alors pour que Ivy tombe dans un brasero, ce qui la conduira vers une issue fatale?
Un premier tiers compliqué mais nécessaire pour comprendre la relation de Wren avec ses parents, avec les enfants de Ivy et des quelques voisins de ce coin paumé des Appalaches. On pourrait même presque dire – sans vouloir faire de jeux de mots avec le titre français du roman – qu’il n’y a pas d’histoire, du moins jusqu’au drame qui touche Ivy. Mais cette longue introduction nous amène alors à des flashbacks qui vont alors donner tout son sens à l’histoire. Des éléments s’imbriquent, les rapports entre les protagonistes sont finalement dévoilés. Et bien que cela peut parfois paraitre un brin un peu gros, Amy Jo Burns nous surprend et nous séduit avec ce premier roman, inspirée dans sa description des Appalaches, de ses habitants, de ses moonshiners et de ses prédicateurs. Les ingrédients d’un David Joy en version féminine, moins violent mais tout aussi noir.