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Bluebird, Bluebird, ATTICA LOCKE

Liana Levi

 

Attica Locke | Kirkus Reviews Attica Locke est une autrice de 47 ans originaire de Houston, Texas. David Joy nous la présente comme une des plumes qui renouvelle le rural noir, alors profitons de la sortie de son quatrième roman chez nous Bluebird, Bluebird (le premier chez Liana Levi après trois romans dans la Série Noire chez Gallimard) pour la découvrir.
Le “bluebird” est un merle au plumage bleu absolument magnifique, mais c’est surtout là une référence à un titre de 1974 (Tiens donc, l’année de naissance de l’auteur… Coïncidence ?!) du bluesman John Lee Hooker, “Bluebird, Bluebird, take this letter down South for me”. Vous vous dîtes : blues, donc Mississippi ? Beh là non, l’action se situe dans le bayou Attoyac, plus à l’ouest, entre Dallas et Bâton Rouge, au nord-est de Houston.

Même si la partie polar de ce roman, l’enquête en soi, n’est pas des plus originales, il faut reconnaître qu’elle fonctionne très bien. Tout le talent de Locke résidant dans la richesse de ses personnages et leur mise en situation dans une ambiance “petit village où tout le monde se connait et s’épie – bayou – moiteur” toujours efficace.
Deux corps sont retrouvés à quelques jours d’intervalle à Lark, petite ville situé à l’extrême Est du Texas : un homme noir originaire de Chicago et une jeune femme blanche originaire du village. Pour les autorités locales, rien ne semble relier les deux morts, le premier étant probablement juste victime d’un simple détroussage qui aurait mal tourné. Mais Darren Matthews, Texas ranger noir, présent sur place, y voit autre chose. Pour lui, il ne peut s’agir que d’un crime raciste, la Fraternité Aryenne (ce groupuscule redoutable et très influent déjà croisé chez Jordan Harper ou Peter Farris) étant très fortement implantée dans le coin, comme dans tout le sud-est des États-Unis. Pas forcément le bienvenu dans cette communauté déjà sous tension, scindée en deux, les noirs et les blancs se partageant les deux seuls bars du patelin, il va devoir mener son enquête seul et faire preuve de détermination pour que les vérités éclatent et que justice soit rendue.

Ici, la force de ce Bluebird, Bluebird réside grandement dans la qualité de la plume d’Attica Locke, subtile et précise, l’ambiance moite et électrique de ce sud divisé et gangrené par des décennies de tensions raciales et la profondeur des différents personnages, chacun d’entre eux étant un des fils de cette toile de fond noire à travers laquelle on ne peut voir qu’en s’approchant au plus près. La bande son bluesy présente tout au long du roman, et ayant son importance dans l’intrigue, ajoute à son charme et renforce également son identité.
Un bon polar, une découverte pour nous, un rural noir délicat qu’on vous recommande chaudement.

 

 

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