Decor / 2018
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Une pochette évoquant les grands espaces américains, une intro jouée à la lapsteel guitar. Une fois le disque sur la platine, voici les premiers signaux que l’on reçoit de l’ultime album du groupe Richmond Fontaine, spécialiste de l’americana depuis le milieu des 90’s. Le décor est donc planté. Après l’album You Can’t Go Back If There’s Nothing to Go Back to (2016), le groupe a voulu faire ses adieux en signant un disque instrumental qui accompagnerait le livre de Willy Vlautin Don’t Skip out on Me, qui parait cette année sous le titre français Devenir Quelqu’un (Albin Michel – Terres d’Amérique). Pas une B.O. de film, plutôt une B.O. de livre, donc. C’est d’ailleurs la deuxième fois que Willy Vlautin et sa bande se lancent dans ce genre d’exercice. Accompagné du joueur de lapsteel Paul Brainard, l’écrivain-musicien avait enregistré une série de plages instrumentales accompagnant son livre Northern Life (Plein Nord, en français – chroniqué ici).
Alternant titres courts mais chargées en émotion (Victor Gets on the Bus, Living Where You’re Not Wanted, Meeting Billy in El Paso) et morceaux de bravoure country avec guitare et lapsteel lancés au galop (Dream of the City and the City Itself, The Fight With Raymundo Figueroa), les musiciens de Portland, Oregon nous convient à apprécier avec eux le déroulement du récit, l’histoire de Horace Hopper, gamin orphelin qui décide de devenir boxeur pro sous le nom de Hector Hidalgo. C’est d’ailleurs souvent le lapsteel de Paul Brainard qui est mis en avant (Horace and the Trophy, Mr. Reese’s Place in La Jolla, Back of the Pickup) comme pour appuyer la dramaturgie de ses nappes western. Le solo de guitare électrique de Dave Eccles sur Hector Hidalgo est quant à lui tout bonnement épique. Quelques trompettes mariachi viennent se caler le temps d’un Night Out With Diego. Plus loin, Rescue and Defeat in Salt Lake City reprend les accords du morceau Don’t Skip Out on Me, paru, lui, sur le disque précédent You Can’t Go Back If There’s Nothing to Go Back to.
Depuis ses débuts, Willy Vlautin n’a cessé d’établir des ponts entre ses livres et sa musique, semant ici et là de nombreux indices et personnages. Et depuis ses débuts, il a assemblé donc en compagnie de (feu-) Richmond Fontaine ce qui est à présent devenu une oeuvre majeure de l’americana.
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Georges.