Le Livre De Poche
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Coup de projecteur sur un petit roman dont on voulait vous parler signé Kike Ferrari, auteur atypique de 47 ans originaire de Buenos Aires où il exerce le métier de balayeur dans le métro, la plupart de ses écrits étant publiés dans le magazine du syndicat des travailleurs du dit métro.
L’Argentine. Oui, je sais, pour un blog sur la littérature nord-américaine, on est là très très au sud de la frontière quand-même ! Mais Gabino Iglesias nous le recommandait fortement dans l’interview qu’il nous a accordé il y a peu de temps et il y a des kilomètres qui s’effacent aisément quand le style et le talent sont si proches.
Opportuniste et sans vergogne, Luis Machi est un homme d’affaires qui s’est bâti un petit empire sous la dictature militaire argentine de la fin des années 70s. Il peut aujourd’hui exhiber fièrement son confort et ses relations aux yeux de tous. Grosse bagnole, grosse maison, gros flingue, bar fréquenté par des personnes importantes… vous voyez le topo.
La journée aurait dû être belle, elle avait plutôt bien commencé pour Machi : une petite partie de jambes en l’air, quelques rails de coke de bonne qualité… Mais une crevaison sur l’autoroute qui le ramenait chez lui allait tout gâcher. Oh ! Ce n’est pas tant le trou dans la gomme qui allait le faire vriller mais plus celui dans la tête du type mort dans son coffre, découvert alors qu’il allait déloger sa roue de secours. Qui est ce type ? qui l’a buté ? Et comment les menottes avec la fourrure rose dans son tiroir ont-elles pu arriver là, au poignet du cadavre, attachées à l’intérieur du coffre de sa BMW ?
Alors qu’il va manifestement devoir se débrouiller seul pour se débarrasser du macchabée, Machi passe en revue dans sa tête, parmi toutes les personnes qui gravitent autour de lui, les éventuels enfoirés qui auraient pu vouloir le piéger.
Parfaitement construit, De Loin On Dirait Des Mouches se lit d’un trait. C’est court, c’est fun, c’est cru, on sent le plaisir qu’a pris le syndicaliste en Kike Ferrari à pourrir la journée de son personnage, de l’excès de confiance matinale à la fébrilité absolue du milieu d’après-midi, à faire souffrir ce qu’il représente.
Assurément le petit roman à glisser entre deux pavés dans votre pile à lire, que vous aurez plaisir à piocher et découvrir comme le dernier carré de votre chocolat préféré caché au fond de l’alu !
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