Gallmeister
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Parti pour la guerre de Corée alors en pleine adolescence, Tucker retrouve le Kentucky en tant que vétéran sur le papier alors qu’il n’est pas encore tout à fait adulte. Sur la route, il rencontre Rhonda qu’il sauve d’un oncle un peu trop entreprenant. Autant perdu l’un que l’autre, Tucker la demande en mariage impulsivement et leur union donnera naissance à cinq enfants dans seule la petite Jo grandira normalement, le destin voulant que ses frères et soeurs portent chacun un fardeau, alors que Rhonda s’enferme dans une profonde dépression. Tucker quant à lui nourrit sa famille en tant que livreur pour un bootlegger du comté, un boulot qui lui vaudra de passer 6 ans dans un pénitencier, laissant sa famille à la merci des services sociaux. A sa sortie, beaucoup de choses ont changé et une envie de vengeance commence à germer dans l’esprit de Tucker.
De son propre aveux, Chris Offut s’est « amélioré » avec ce livre. Il est vrai que quand on a lu Le Bon Frère, on ne peut qu’être d’accord avec lui. Si la première partie de son premier roman était presque parfaite, la seconde était vraiment à la peine et sa conclusion décevante et complètement à l’opposé de l’atmosphère qu’il avait pourtant réussi à si bien créer. Nuits Appalaches est à un tout autre niveau. Offut propose un découpage de son histoire intelligent, où chaque partie est une année marquante en terme d’événement de vie. L’auteur, dans un roman relativement court, arrive à créer des personnages avec de la profondeur, même s’ils ne sont présents que quelques pages, et surtout le couple central est si bien décrit dans les liens qui l’unissent. On voit l’évolution de Tucker, de son retour de Corée en mode hobo et sa métamorphose progressive de son métier illicite à sa sortie de prison, et de celle de Rhonda, épouse et mère esseulée plongée dans les méandres de la dépression. Un roman d’amour, de violence et de dévouement.
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