Philippe Rey
—
Lydia, libraire à Acapulco, mène une vie paisible avec son mari Sebastián et leur fils de huit ans Luca. Une vie qui va voler en éclat quand Sebastián, journaliste, publie un article dénonçant le cartel local des Jardineros et leur chef Javier, un client érudit de Lydia avec qui elle a noué une amitié forte. Le cartel décime toute la famille de Lydia qui avec Luca échappe au pire de façon miraculeuse. La mère et son fils n’ont alors que le choix de fuir la ville et même le pays pour aller se réfugier chez un oncle à Denver. Un voyage clandestin où ils devront se fondre dans le flot de migrants venant du sud, tenir sur le toit de la Bestia, ce train les menants à la frontière des Etats-Unis, tout en échappant aux mains du cartel et de ses sicarios, des flics corrompus et de la brigade anti-migration.
Quel choc! Ces deux mots suffisent pour qualifier le réalisme glaçant du roman de Jeanine Cummins. Et les citations des auteurs en deuxième de couverture n’auront pas menti. Dès les premières lignes violentes mettant en scène le massacre de la famille de Lydia jusqu’aux derniers mots du livre, on ne peut pas lâcher cet American Dirt à l’écriture intelligente et au rythme soutenu. Fruit d’un long travail de recherche réalisé en amont, Cummins évite le piège de tomber dans le roman politique ou de porter des jugements pour fournir une fiction qui n’en est pas une tellement on se sent plus dans un reportage en immersion dans la quête impossible des migrants.
Un roman dur, violent qui tient en haleine et surtout amène à réflexion.