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Slumberland, PAUL BEATTY

10/18

Fin des années 80. Ferguson Sowell, DJ de Los Angeles a l’oreille absolu. Avec une connaissance de la musique qui frôle l’érudition, il est à la recherche du beat absolu, le « beat parfait , la confluence de la mélodie et du groove, qui transcende l’humeur et le temps ». Et le jour où enfin il tombe sur cette mélodie implacable, il lui faut trouver la personne capable de la mettre en valeur. Il ne voit qu’un seul musicien qui serait assez bon pour sublimer ce beat en la personne du jazzman avant-gardiste Charles Stone alias le Schwa, dont on a perdu la trace. Mais un jour, Sowell reçoit une mystérieuse vidéo qui indiquerait que Stone serait à Berlin. Ferguson se fait alors embaucher comme son-melier, c’est à dire caviste pour jukebox, dans un bar de Berlin Ouest, le Slumberland. Voilà donc notre DJ lancé à la recherche du Schwa dans un Berlin en pleine révolution politique et culturelle avec son mur tout juste tombé.

Même si Paul Beatty est bel et bien américain, on sort un peu du cadre avec ce roman qui se déroule dans le Berlin fraîchement réuni et le mix de tous les éléments qu’on peut y trouver et à l’image d’un set de DJ réussi : on a l’impression que ça part dans tous les sens mais l’ensemble a finalement une cohérence. Certes il faut parfois un effort pour se concentrer dans le flot des réflexions de Sowell, mais quand tombent les références musicales de tout genre, le lecteur a alors envie de se plonger tant dans l’écoute d’un album de jazz que d’un sombre chanteur folk. Le tout permet ainsi de nous replacer à cette fin des années 80 qui a vu une réunification entre l’est et l’ouest de mieux voir les choses de l’intérieur par ceux qui l’ont vécu et de savoir comment en tant que personne de couleur notre homme a pu se faire une place dans ce milieu où le poids de l’histoire se fait encore très lourd. Et surtout Paul Beatty utilise une pleine dose d’humour qui fait de son roman un véritable OVNI littéraire.

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