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BILL CALLAHAN, Gold Record

Drag City / 2020

“Bonjour, je suis Johnny Cash”. Quand on commence un disque de cette manière, soit on est un gros prétentieux, soit on rend hommage à l’un de ses maîtres. Deuxième réponse pour Bill Callahan qui démarre avec une grande tendresse son tout nouvel album Gold Record par la formule d’entrée des concerts de Johnny Cash (et termine le morceau en tirant son chapeau à Leonard Cohen). Quelques accords joués en arpège, une trompette lointaine, une batterie discrète portent Pigeons et ces sobres arrangements résument bien l’atmosphère des 10 chansons de Gold Record (son 17ème album, Shepherd in a Sheepskin Vest, paru en 2019 comptait 20 morceaux). 

Celui qui a débuté la musique il y a plus de 25 ans sous le nom de Smog et signe depuis 2007 des disques sous son nom propre continue sur Gold Record à conter de son timbre grave la vie de personnages sur un ton entre humour et tendresse. Another Song narre ainsi la journée d’un musicien qui écrit une chanson mais qui ne dit pas non à un peu d’amour en guise de pause. 35, c’est l’histoire du type qui lit toute la journée, Protest Song c’est celle du protest singer un peu trop propre sur lui et à qui Callahan adresse ces mots : “I protest his protest song !”. Plus loin, c’est une ballade digne d’une B.O. de vieux western où le cowboy ne mange de la viande qu’une fois par semaine (Cowboy) ou un blues qui semble improvisé et tente de cerner le musicien Ry Cooder (la B.O. de Paris, Texas, c’est lui) à travers les yeux d’un fan (Ry Cooder). Ailleurs, c’est un type qui tombe en panne de voiture devant chez lui et finit par passer la nuit (sa vie ?) chez ses voisins (The Mackenzies). Sur Let’s Move to the Country, c’est l’amour, la famille et la sédentarisation qui sont au centre du propos, la première version de ce morceau datant de 1999 sur l’album Knock Knock.

Au fil d’une poignée de folksongs finement arrangées qui s’écoutent dans la chaleur de l’âtre et la quiétude du logis, Bill Callahan continue d’explorer l’americana par son versant le plus humaniste et confirme une fois de plus son statut de songwriter d’exception.   

Georges.

 

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