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L’Hôtel De Verre, EMILY St. JOHN MANDEL

Rivages

Comment qualifier ce cinquième roman d’Emily St. John Mandel, jeune autrice canadienne de 42 ans ? Eh bien, ce n’est pas un polar clairement, ni un thriller… Ce n’est pas non plus un roman noir à proprement parler, même si c’est probablement dans ces sections-là qu’il faudra le chercher chez votre libraire préféré. Roman psychologique, L’Hôtel de Verre est surtout un conte dramatique moderne, froid et envoûtant. Il vient juste après l’apocalyptique et poétique Station Eleven (Rivages) qui nous avait transpercé en 2016.

L’Hôtel dont il est question ici, c’est l’hôtel Caiette, une structure majestueuse de cèdre et de verre émergeant de la verdure, à l’extrémité ouest de l’île de Vancouver, c’est-à-dire très légèrement au nord-ouest de Tacoma. Un lieu luxueux, isolé dans lequel plusieurs destinées vont se jouer. Il y a Paul et Vincent, d’abord. Ils sont frère et sœur. Paul est un musicien hanté, il occupe un poste d’agent d’entretien, Vincent, elle, est barmaid. On y trouve également Leon Prevant, cadre dans une grande entreprise de transport maritime, Jonathan Alkaitis investisseur habile et charismatique et à l’occasion propriétaire des lieux, Walter le réceptionniste, Ella Kaspersky une habituée mystérieuse… Des intérêts communs vont s’y croiser, des alliances plus ou moins durables y être scellées et la vie de tout ce petit monde se retrouvera bouleversée.
Pas mal de personnages au final, certes, mais le roman s’articule essentiellement autour de Vincent, jeune femme captivante et réellement fil rouge de ce récit. D’abord esquissée au début, elle devient ensuite l’élément central en formant un couple fortuné avec Jonathan Alkaitis, avant d’être littéralement rattrapée par l’histoire et la réalité.

Emily St. John Mandel on her much-anticipated new novel, The Glass Hotel | Quill and QuireProbablement que si je n’avais pas lu et aimé à ce point Station Eleven avant, je ne serais pas allé vers L’Hôtel de Verre juste sur la promesse de la quatrième de couverture, mais voilà, c’est Emily St. John Mandel et ESJM est une conteuse remarquable, vraiment. C’est assez bluffant. Elle maîtrise le temps et joue avec nous, lecteur. Société, intrigue financière, quête de soi, psychologie… Elle nous embarque tout simplement, comme elle le souhaite, où elle le souhaite.
Elle nous dépeint une scène et on se dit que notre personnage principal est là au premier plan, puis notre attention est captée par un petit détail, un élément déposé là, comme ça. Et quelques pages plus loin dans le livre, c’est le personnage qui a été vaguement esquissé dans le fond qui devient l’élément important et ainsi de suite. Et tout nous paraît toujours complètement logique, fluide et normal, les petits cailloux parsemés se connectant parfaitement les uns aux autres au fil des chapitres, donnant à chacun et à chaque chose sa place et son rôle dans le tableau.

Bien qu’étant moins fort et poétique que son prédécesseur, L’Hôtel de Verre nous offre tout de même une belle expérience, un beau moment de lecture avec, entre autres, deux scènes, d’ouverture et de fermeture, en miroir, absolument réussies.

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