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Santa Muerte, GABINO IGLESIAS

Sonatine

Santa Muerte, nous t’attendions de pied ferme !

Fernando, immigré clandestin mexicain, vend la came de Guillermo pour le compte des Zetas (cartel mexicain) essentiellement à la sortie du bar où il travaille en tant que videur. Tout roule, le business est prospère.
Malheureusement le centre d’Austin est un bon secteur, très fréquenté, attisant la convoitise des concurrents. Un jour, qui ne sera pas un beau jour, les mareros de la Salvatrucha (Gang salvadorien originaire de L.A. et fondé dans les années 70/80) décide de revendiquer le secteur et ils vont l’exprimer à leur façon, c’est à dire violente et claire, du genre dont on aimerait pouvoir en chasser les images… en torturant sauvagement Nestor un des gars de Guillermo.
C’est la scène d’ouverture de ce roman, scène de torture comme on en lit peu, à laquelle assiste Fernando, message explicite à l’intention du boss. Mais Guillermo ne l’entend pas de cette oreille là et compte bien conserver son territoire ! ben ouais, mais bon… En face, y a des arguments ! Les tatoués de la Salvatrucha ne sont pas des anges, bien au contraire ! Certains y voient même la présence du Malin… Ou en tout cas, un de ses bras les mieux armés ! Santa Muerte, protégez-nous.

Voilà, Santa Muerte c’est ça, mais c’est aussi un peu plus qu’une simple querelle de gangs au coeur d’Austin, Texas, parce que précisément ça se passe à Austin, c’est à dire à un saut de puce de la frontière mexicaine. Et passer une frontière n’est pas une chose anodine. Grâce à son personnage, Gabino Iglesias glisse subtilement dans son récit le parcours et les galères d’un immigré, mexicain là dans le récit, débarquant aux États-Unis et les ravages culturels et émotionnels du déracinement.

Mêlant habilement croyances mexicaines, problèmes sociétaux, une violence faisant remonter à l’esprit des passages du formidable Les Spectres De La Terre Brisée de S. Craig Zahler, et une science inouïe du dialogue nous rappelant Todd Robinson, le Roc d’Austin frappe un grand coup. C’est dépouillé, rythmé,  terriblement addictif… et beaucoup trop court ! Vraiment !
On en veut plus, encore, plus long, plus dense. On sait que le bonhomme en a sous le coude, alors on est prêt et on attend impatiemment le prochain.

 

 

 

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