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Magnolia Electric Co, SONGS : OHIA

Secretly Canadian / 2003

Dès l’imparable Farewell Transmission, longue plage sur trois accords digne du meilleur de Neil Young, l’on se dit qu’on est en train d’écouter un classique. 

Disons le donc d’emblée, Jason Molina, cerveau et membre fixe du projet Songs : Ohia, signe avec Magnolia Electric Co. tout simplement l’un des meilleurs disques de rock indé des années 2000. 

Qu’il en soit ainsi, puisqu’après cette épique ouverture, l’album continue dans sa lancée avec un titre qui là encore évoque le Loner et son Crazy Horse. Même rythmiques, mêmes choeurs entêtants, même voix nasillarde et bien sûr mêmes riffs sâturés. D’aucuns ont alors pu taxer le nâtif d’Oberlin, Ohio de plagiaire si le disque fût limité à ces deux morceaux. Malgré une orientation générale plutôt rock (Black Sabbath fait partie de ses influences et l’ingenieur du son Steve Albini est aux manettes), le disque est plein de références à la country, Molina s’étant entouré du chanteur Lawrence Peters et de Scout Niblett (déjà entendue aux côtés de Bonnie ‘Prince’ Billy et en solo) et mêlant à ses sonorités électriques des instruments typiquement country (violons, pedal steel). 
Le résultat donne ce qui fait finalement l’essence de l’americana, à savoir un mélange de rock, de folk et de country. En plus de cela, il faut creuser un peu plus dans l’histoire de Jason Molina, resituer sa géographie du côté du Midwest, des trailer parks et d’un environnement ouvrier et non vers la Californie de Laurel Canyon et du ranch Broken Arrow. C’est en effet dans un mobile home non loin de Cleveland, que le petit Molina grandit et qu’il se met à jouer de la guitare. 
Après être sorti de l’université diplômé en Arts, il intègre quelques groupes de heavy metal, puis se lance en solo.
Plusieurs tentatives de noms de groupe plus tard, Songs : Ohia est retenu et dure de 1996 à 2003, Molina étant le seul membre stable. Pendant cette période, le musicien élabore de très bons disques comme l’expérimental GhostTropic (2000), The Lioness (2000) ou Didn’tItRain (2002) mais c’est avec ce disque de 2003 qu’il semble véritablement prendre son envol.
Magnolia Electric Co. est ainsi un disque de transition. En plus de sortir des albums sous son nom propre (l’excellent Let me Go, Let me Go, Let me Go), Molina rebaptise le projet en Magnolia Electric Co. dont il stabilise les membres et délivre encore quelques pépites (dont Josephine en 2009). 
Dû à un alcoolisme féroce, son corps abdique, Jason Molina disparait en mars 2013. 
Il laisse derrière lui de très bons disques et un flambeau sans cesse ravivé par des groupes ou artistes tels que Kevin Morby, Richmond Fontaine, Damien Jurado et autres Shearwater. 
Et c’est souvent ainsi que certains disques comme Magnolia Electric Co. deviennent un jour des classiques.
– Georges –

 

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