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Ballade Pour Leroy, WILLY VLAUTIN

Albin Michel / Terres d’Amérique

Soldat américain en Irak, Leroy Kervin est gravement blessé lors de l’attaque de son groupe. Il ne retrouve plus ses capacités, incapable de réaliser le moindre petit geste de la vie quotidienne et se retrouve dans un foyer d’accueil pour handicapés mentaux dans l’Etat de Washington. Un jour il ouvre les yeux et a un éclair de lucidité sur sa situation. Il décide alors d’en finir et tente de se suicider mais se retrouve de nouveau dans le coma. Cet évènement est alors le point de départ de cette Ballade Pour Leroy. On va faire un bout de chemin avec les personnes qui entourent Leroy. Freddie, surveillant de nuit du foyer qui tente de joindre les deux bouts entre son boulot de nuit et son travail de jour dans un magasin de peinture, propriété d’un patron branleur et obèse. Pauline, infirmière qui va prendre soins de Leroy pendant son séjour à l’hôpital et qui doit s’occuper de son père quand elle n’est pas au chevet de ses patients. Et enfin Jeannette, la petite amie de Leroy. Perdu dans son coma, Leroy s’évade dans un monde parallèle, vivant une aventure mêlant rêve et réalité.

Depuis Motel Life, en passant par La Route Sauvage – initialement publié sous le titre Cheyenne En Automne chez 13e Note – et Plein Nord, Willy Vlautin aime raconter des passages de la vie de personnes laissées pour compte, de celles qui ont du mal de s’en sortir. Le leader de Richmond Fontaine dépeint une Amérique profonde, loin des étoiles d’Hollywood ou des lumières de Times Square. Écrivain du réel, il arrive à nous faire sentir l’humidité des forêts de l’Oregon ou la grisaille de Seattle. On se prend rapidement d’affection pour ses personnages, qui parfois sont obligés de faire des choix hasardeux pour espérer entrevoir une éclaircie. On ne peut s’empêcher de penser à Pauline, la girl next door qu’on a l’impression d’avoir toujours connu et avec qui on voudrait partager un moment autour d’un verre.

Comme dans chacun de ses romans, Vlautin ne fait pas dans la métaphore. Son style est très simple mais tout en sachant délivrer des émotions dans les faits qu’elle raconte.  Il n’existe pas véritablement de fin dans les livres du résident de l’Oregon, qui sont en fait une fine tranche d’existences qui ont eu un avant et qui auront un après, et c’est aussi ça qui en prolonge leur vie. Et plus particulièrement avec celui-ci qui peut être interpréter différemment par chacun.

Les amoureux de Springsteen ou de Johnny Cash trouveront écho dans l’écriture de Willy Vlautin, véritable storyteller de la vie américaine actuelle.

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