Sonatine
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En tout juste deux romans, David Joy est déjà devenu incontournable dans le paysage littéraire américain. Dans celui-ci, très attendu, dont la sortie a été décalée plusieurs fois, il explore sous un nouvel angle ces attaches qui font et défont les hommes, l’amitié, la fraternité, l’amour, les racines, l’appartenance à un lieu et comment ces liens peuvent être mis à mal face à un événement dramatique soudain.
Les Appalaches. Caroline du Nord. C’est le début de l’automne, la saison de la chasse au cerf n’est pas encore ouverte. Darl Moody sait très bien qu’il ne devrait pas être là où il est, sur une plateforme d’affût dans les bois , pas très loin de la maison du vieux Coon Coward. Mais il braconne pour aider sa famille, sa mère seule et sa soeur avec ses quatre gosses, et remplir le frigo.
C’est le soir, la lumière décline. Darl repère un sanglier à environ 200 mètres, il tire et touche la bête. S’approchant, il va découvrir qu’il ne s’agit en fait pas d’un sanglier, c’est un homme qui est étendu là dans les feuilles mortes, Carol Brewer, plus connu sous le nom de Sissy (que l’on pourrait traduire par “mauviette”, ndlr) et reconnaissable à la tache de vin qui lui couvre une partie du visage. C’est aussi le frère unique de Dwayne Brewer, un mec peu recommandable, pas très commode, du genre qu’on ne taquine pas à la récré.
Afin de camoufler ce tragique accident de chasse, Darl va appeler son ami de toujours, Calvin, et ils vont à eux deux enterrer le corps de Carol dans un champ. Inquiet de l’absence de son frère, Dwayne va commencer son enquête chez le vieux Coward et remonter la piste jusque Darl. Commence alors le drame qui vous obsédera jusqu’à la dernière page.
Vous le savez, nous avions déjà adorer les deux précédents romans de l’auteur, ce troisième hausse encore le ton. Je vous laisse deviner dans quel état on est après cette lecture !
L’éminent poète du noir, comme le présente Gabino Iglesias, nous délivre une prose déchirante et une tension aliénante.
Ce Lien Entre Nous est, pour l’heure, le roman le plus abouti de David Joy, alliant avec maîtrise l’humanité de Là où Les Lumières Se Perdent et le côté noir, social et dramatique du Poids Du Monde. Lui, qui a vraiment le talent de composer des personnages, les peint ici avec encore un peu plus de subtilité, d’ambiguïtés, de profondeur. Leurs failles deviennent les nôtres, leurs déchirures deviennent les nôtres.
Et comment ne pas parler, également, des Appalaches, qui, bien que toujours présentes dans les romans de Joy, prennent ici une place un peu plus importante, en étant la terre qui habite les hommes. Les racines des personnages sont ici, dans ces montagnes et même dans les situations les plus désespérées, les quitter n’est jamais envisagé.
Y vivre, s’y perdre, y rester.
Bref, vous l’avez compris, on adore ! Ne passez pas à côté d’un des plus grands romans noirs de l’année.
Interview de David Joy à retrouver >> ici <<
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