Thrill Jockey/2005 – Réédition : Record Store Day/Fire Records/2021
—
En 2005, le très prolifique Howe Gelb (Giant Sand, OP8…) s’entoure de ses amis musiciens pour un projet intitulé Arizona Amp And Alternator. Une véritable réussitte dans le plus pur style Americana. Mais qui est donc cet Arizona Amp And Alternator ? D’après les notes de pochette, AAAA n’est pas un personnage, plutôt un endroit où l’on répare des choses ou pas.
“If it ain’t broke, don’t fix it.”
Ce groupe n’a pas de membres. M. Ward, Scout Niblett, les Danoises Marie Frank et Marie Lorette Friis, Jeremy Gara (Arcade Fire), Grandaddy ont apporté leur savoir-faire aux chansons d’Howe, qui, en chef mécano, fait se tenir le tout, déboulonnant les talents de Californie, du Canada et du Danemark pour les reboulonner au moteur de son projet posé à Tucson, Arizona. Retravaillant certains titres de l’époque Giant Sand ou s’adonnant à l’exercice de la reprise, Gelb et ses comparses s’amusent. Voix de velours, voix de crooner, l’Américain que l’on sait hyperactif et ultra prolifique (sa discographie donne le tournis), démarre le disque en faisant tourner quelques mesures sur fond de batterie sableuse. Velvet and Pearl est un joyau brut, une chanson d’amour aussi courte que magnifiquement bancale.
“I’m going to buy you a brand new cover
One made out of velvet and pearl
One to keep you warm whenever
I leave for the rest of the world
Got to travel the world.”
Cette voix chaleureuse, ce timbre de quasi-outre-tombe, Howe Gelb en joue – sans trop en faire non plus -, elle se lie à des guitares claires et réverbérées quand celle de Marie Frank apporte de la douceur à l’ensemble. Sur Low Spark of High Heeled Boys, une reprise du groupe prog britannique Traffic, les amis de Grandaddy jouent de leurs synthés bancals et rétro-futuristes qui se mélangent à un piano honky tonk. Et si vous tendez bien l’oreille, le court accord d’intro rappelle le début de la chanson A Hard Day’s Night des Beatles. Une autre Danoise, Henriette Sennenvalt (Under Byen) vient poser sa voix fragile devant un micro fatigué, telle une funambule sur un mélange guitare folk/piano bastringue (Man on a String). Plus loin, Howe Gelb et ses acolytes font place à des ambiances plus jazzy. Maria Lorette Friis y fait des merveilles sur la très alternative version du classique de Noël Baby It’s Cold Outside. Quant à lui, AAAA revient quatre fois (dont une avec le chanteur-guitariste M. Ward) sur le disque sous différentes versions, folk, rock, country…
En l’utilisant comme un leitmotiv, Howe Gelb semble vouloir nous rappeler où l’on se trouve. Dans un monde peuplé d’histoires, de voix et d’instruments parfois malmenés.
“Well that’s my country
This is my zone
Arizona Amp And Alternator.”
–
Georges.