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Lady Chevy, JOHN WOODS

Terres d’Amérique / Albin Michel

Barnesville, Ohio. L’archétype même du bled du Midwest en décrépitude, rongé par les gisements de gaz de schiste qui font le bonheur de gros industriels indifférents. Une population sans ressource qui n’a de choix que de céder leur terrain pour y voir s’implanter des puits de fracturation hydraulique contre une rente à la valeur hasardeuse. C’est le cas de la famille de Amy Wirkner, dont la haute flamme du puit brûle au fond du jardin du bungalow familiale. Et Amy n’a qu’une envie: se tirer de ce trou pour aller à l’université et devenir vétérinaire.

Mais pour Amy ce ne sera pas si facile, avec une mère peu encourageante prête à la rabaisser, un père effacé, un petit frère handicapé et un grand-père qui aimait brûler des croix en cagoule blanche. Sans compter sur l’isolement sociale d’Amy, surnommée Chevy car son postérieur large rappelle une Chevrolet. Elle ne peut compter que sur l’amitié de Paul dont elle est très proche et prête à le suivre dans les pires embrouilles, comme ce soir où il décide d’aller saboter un puit de fracturation. Mais les choses ne se passent pas comme prévu et les jeunes adultes tuent accidentellement le gardien du lieu. Amy se voit alors confronter à la police et à l’officier Hastings, dont les lectures philosophiques cachent un profond dérangement psychologique.

Amateurs de rural noir, vous allez être servi. On change du décor des montagnes des Appalaches chères à Peter Farris, David Joy ou autre Brian Panowich pour aller un peu plus au nord dans les villes minières du Midwest. Mais il n’en demeure pas moins qu’on retrouve les codes qui font du rural noir un genre à part entière. Du personnage principal aux caractères secondaires, tous sont très bien définis et ont une part de noir en eux. Dépeignant une crise sociale réelle, John Woods tisse un récit violent tant par les faits que par le retentissement psychologique qui va impacter chacun.

Avec ce premier roman, John Woods frappe fort et on comprend aisément la chaude recommandation que nous en fait William Boyle.

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